Pour tous les gens du sud – Anne Cailloux

Des rires et des accents étranges résonnent au paradis.
À quelques jours de Noël, il fut étrange que le paradis fût si calme !
Des voix et des rires raisonnent au loin.
Nous entendons Raimu murmurer : belote et rebelote, fredonné avé l’accent du midi.
Fernandel se moque gentiment de cet accent qui sent la sardine.
Mais le spectacle, le vrai, se passe devant la cène,
sous les yeux de Saint Thomas, qui pour une fois, n’en croit pas ses yeux.
Tôt le matin, fleurait déjà une odeur de castagnes.
Claude Nougaro notre ami chanteur, ensuqué de la veille, rouméguait sans arrêt, il avait la cagne d’aller chercher son café.
Son ami, Georges Brassens se proposa d’y aller à sa place.
À Paname, le matin, c’était toujours lui qui servait la pitance.
Georges revint à table, sa moustache frétillait.
Il posa le plateau et murmura avec sa voix mélodieuse :
-Mon cops, mon frérot, mon poto, je t’ai rapporté, un kawa serré et sans sucre, comme tu les KIFFES, puis un pain au chocolat.
Le silence se fit au paradis. On n’entendait même pas un ange voler.
Le langage qui suit, fut des plus mémorables.
-Chocolatine !
-Pain au chocolat.
– PUTAING CON CHOCOLATINE.
– PIGNOUF, PAIN AU CHOCOLAT.
Nougaro prit son plus beau sourire et murmura :
-Oh boudou, je ne peux pas passer là-dessus tu le sais. Mais il est jobastre celui-là, je vais m’escaner avec ce truc !
Je ne mange pas de pain au chocolat, mais des chocolatines. Mon paĭs, tu es tombé sur la tête fada, où tu es parti voir la Margot cette nuit.
– Écoute Claude, logiquement tu aurais dû t’appeler nougatine, mais tu t’es appelé Nougaro, donc j’ai pensé que pain au chocolat, c’était mieux pour toi, que chocolatine !
-Té le pègue, mon ami, tu sais que je t’aime aussi pour ta fantaisie et à un moment donné, il fallait que tu le saches j’aime ton humour noir.
-Mon ami Claude, je vais t’avouer que depuis 50 ans je n’entrave absolument pas ce que tu me dis.
-Oh, con de manon, Té, comment cela !
-Ba voilà !
Quand tu me DIS « entre autre» je comprends « Âne troro »
Quand tu me DIS « à un moment donné » je comprends « Amen donné »
Quand tu me DIS « rose » je comprends « rause »
Quand tu me DIS « moins » je comprends moinssss »
Quand tu me DIS « du pain » je comprends « du paing »
Tu comprends mon ami que c’est difficile de te suivre !
-Té c’est le pompon sur la Garonne. Fas cagat , je vais te mettre une mornifle.
Tu ne crois pas que je m’ascagner avé ton vocabulaire ? Écoute donc toi comment tu breugue, je vais t’imiter :
-Ques qu’il jaspine lui ? Que vla les roussins, faut se cavaler mais il avait un rencard avec sa greluche dans un troquet de la mouff.
Pendant ce temps-là, il décroche ses tableaux (se curer le nez )  En attendant il va changer l’eau des olives ( uriner)
De loin les Corses se marrent, trop content de ne pas être la cible.
Au paradis personne ne comprenait ce que se disaient ces individus, au langage très étrange.
Les rires avaient intrigué certaines âmes..
S’invita à la table, Georges Lautner, Raimu, Arletty et Jean Gabin.
Les anges filèrent vers leurs nuages et se sauvèrent.
Saint-Pierre appela le service d’ordre, car la suite allait être crénios.
Les saintes, pas si saintes que cela, se rapprochèrent de ses hommes qui avaient un langage politiquement incorrect.
Un coup de jarnac se prépare au Paradis, étant à cheval entre Toulouse et Paris. Je ne mets pas les doigts entre l’arbre et les Corses.
Milediou, à cause de ces branquignols, je vais m’ascagner pour être à l’heure.
Allez adiou ou adieu selon que vous vous soyez d’ici ou de là !
Mi gatto bonna annada et bonna santat. Tiernos besos.
ben leu.

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Anne Cailloux

Anne Cailloux (347)

Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

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