Pour fuir l’hermine – Christian Satgé

        

         
 
 
       Petite fable affable
 
 
 
Pour fuir l’hermine qui saigna,
Hier, la chouette en son trou d’arbre,
Le pic vert s’es terré en cagna
Profonde, plus sombre que ces marbres
Qu’on exploite ici. Tous les siens,
T’en souvient-il, et sans ambages,
Ont péri en lilliputien
Face aux petits seigneurs des ombrages.
 
 
Pis, le pic vert n’ose plus frapper de tronc
Pour y chercher, matin, sa pitance.
Il se terre comme un poltron
Laissant, lors, pratique accointance,
Les soins du ménage au vent.
Son nid est pourtant un bon asile
Si sûr que d’autres oiseaux souvent
Y viennent sans vergogne et l’exilent.
 
Mais la mésange, le grimpereau,
L’étourneau, le pigeon, la sittelle
Ont fini comme des lapereaux,
Malgré précautions et cautèles,
Dans la gueule  du Sieur Furet,
Ou de ces Dames Martre,  Belette
Ou Hermine, vives comme traits.
Pic attend sans sommeil, sans galette,…
 
Il attend que le danger ne soit
Plus. Il attend, en son trou, des heures
Plus tranquilles sur son quant-à-soi.
Et il s’affaiblit en sa demeure,
Devient moins qu’un corps et, alors,
Meurt d’avoir voulu fuir la mort.
Ainsi, parfois, l’excès de prudence
Nuit tout autant que son absence. 
 
 
 
© Christian Satgé – mars 2018
 
 
 
 
 
 
 

Nombre de Vues:

45 vues
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

2 réflexions au sujet de “Pour fuir l’hermine – Christian Satgé”

Laisser un commentaire