Pardonne-moi ma mère
Si j’ai dû prendre la mer
Sous l’effet de la colère
Sans penser à mes frères
J’étais poussé à le faire
À cause de toutes ces misères
C’est dur d’être sans salaire
Et sous la charge du père
J’ai perdu mon honneur
C’était une vie sans douceur
Ne voyant aucune lueur
J’ai pris ma décision sans peur
A quarante ans je suis célibataire
Dois-je l’être sans le vouloir?
Déjà bien âgé où est l’espoir
Le bout du tunnel est encore noir
Que les requins déchirent ma chair
Que les vagues rejettent mon cadavre amer
Que les prisons me fassent taire
C’est une aventure austère
J’ai pris ce défi, je gagne ou je perds
Tant de compagnons ont rejoint le cimetière
Certains ont disparu ou vivent la misère
Et d’autres sont enfermés en prisons côtières
Oh…mon Dieu, quel calvaire
Je n’ai jamais connu la paix…mais la guerre
Ayez pitié… j’ai trop souffert
Où est ma jeunesse, c’est une vie de galère.
À la mémoire des migrants clandestins noyés en mer, disparus ou enfermés dans les prisons d’outre-mer.
NB : Je n’incite personne à choisir ce chemin dramatique et cruel…Tant de jeunes hommes et femmes et parfois même d’enfants ont laissé leur vie dans cette aventure périlleuse. C’est douloureux de faire souffrir les familles et particulièrement les mères.
Un jour le soleil se lèvera car la nuit n’a jamais été éternelle. Slimane LAGRA, le 30-01-2020