Oh, apidés ! – Christian Satgé

                                                                                                                                                        Petite fable affable

Sur un sureau, l’osmie s’affairait,
Du pollen plein la poche et les pattes.
Et ne vit pas, cette bonne pâte,
Qu’une abeille vint à l’effleurer.
« Pousse-toi de là, grosse rouquine ! »
Fit cette-dernière, taquine.
Puis l’abeille baillant, continue :
« Je butine, moi, Reine des nues.
– Et que crois-tu que je tricote, hein ?!
Dit l’autre à cet hôte pis que Hun.
J’étais là première : va vrombir
Plus loin au lieu de m’estourbir
Avec tes bêtises qui me filent
Le bourdon tant, las, tu les enfiles !

– Toi tu n’as ni patrie, ni patron
Alors change de ton, salon étron ! »

Ces deux cousines se bronzinèrent
Des amabilités, s’affairant
Comme il convient à leurs mœurs et rang,
Entre deux mots faits coups de tonnerre ;
L’abeille vantait haut son travail,
L’osmie moquait la vie de bercail
Où on frôle frelons et ramondes.
« Mais j’œuvre pour le maître du monde,
L’Homme, qui décide de nos vies
Ou morts, à tous. Et j’en suis ravie !
– Te voilà mielleuse hypocrite
Et plus piquante. Tu démérites !
Ton homme cultive son jardin :
Tant que tu donnes, il n’est pas gredin ! »
Le nectar monte au nez de l’abeille :
« Il te juge nuisible aux treilles !

– Moi, Ma Belle, avant d’aider les autres
Et d’en tirer une aura d’apôtre
C’est aux miens, eux seuls, que je pense
Et à ce qu’ils auront dans la panse,
Non aux qu’en dira-t-on joviens.
Ce n’est pas glorieux, j’en conviens,
Et peut-être que d’aucuns s’en choquent
Mais, de cela, aussi je me moque… »

© Christian Satgé – octobre 2014

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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