Molière et les nègres blancs – Jean-Marie Audrain

   Molière et les nègres blancs – Jean-Marie AudrainNous fêtons le 15 de ce mois les 400 ans de la naissance de Molière. Incontestablement, Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière, peut être considéré comme emblématique de la culture littéraire française. N’appelle t-on pas le Français la langue de Molière ? Cette référence culturelle est celle que l’on découvre par les classiques Hachette en arrivant au collège, au même titre de Jean de La Fontaine. D’ailleurs ce sont leurs textes que l’on apprenait par cœur et qui habitent encore nos mémoires. Par exemple, la première scène des Fourberies de Scapin que je n’ai jamais oubliée :

«Ah fâcheuses nouvelles pour un cœur amoureux! Dures extrémités où je me vois réduit! Tu viens, Silvestre, d’apprendre au port, que mon père revient? ».

Je ne savais pas à l’époque que nos grands auteurs avaient des compères sinon des complices, on dit aussi des nègres, auprès desquels ils passaient commande. Pour Molière, ce fut Corneille, poète et dramaturge, de 15 ans son ainé. On connait surtout ce dernier pour ses poèmes, dont l’ode à Cassandre « Mignonne allons voir si l rose… » et on le prend de ce fait pour un poète à l’eau de rose alors qu’il a écrit 34 pièces de théâtre et que, de nos jours, historiens et linguistes, s’accordent pour affirmer que Molière lui aurait passé commande pour la majorité de sa trentaine de comédies que lui-même, comédien renommé, signa et interpréta.

On ne peut s’empêcher de penser ici à Jean de La Fontaine qui, durant 4 ans s’est consacré, au château de Vaux le Vicomte, à la transcription des fables d’Esope, celle que l’on a encore en tête depuis l’école. Il les a faites sienne, avec, certes quelques modifications, comme pour La besace « Que tout ce qui respire s’en vienne à comparaître au pied de ma grandeur ». Le juge Dieu de la fable d’Esope est juste devenu un juge monarque dans celle de La Fontaine.

Le même procédé existe dans tous les arts. Plus récemment, dans celui de la chanson française. Prenons deux exemples :

le succès de Michel Polnareff  “On ira tous au paradis” était une commande (parole et musique au départ) passée auprès de Jean Loup Dabadie, mais le chanteur fit tout pour que cela reste longtemps occulté.

De même Jean Jacques Goldman « laissa croire » pour ne pas dire «fit croire » qu’il était l’auteur-compositeur du succès Sister Jane qui l’a fait connaître alors qu’en vérité il a été écrit et composé par Khanh Mai le leader du groupe Taï Phong qui avait engagé Golman comme co-interprète pour 2 titres de son premier Vinyle en 1975.
Finalement, ces paroliers étaient tous des Corneille et ces interprètes des Molière.
Il existe de nombreux livres et de nombreux films sur ce sujet. Cependant, je vous assure que je ne suis cité dans aucun d’entre eux.

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Jean-Marie Audrain

Jean-Marie Audrain (765)

Né d'un père photographe et musicien et d'une mère poètesse, Jean-Marie Audrain s'est mis à écrire des poèmes et des chansons dès qu'il sut aligner 3 mots sur un buvard puis trois accords sur un instrument (piano ou guitare). À 8 ans, il rentre au Conservatoire pour étoffer sa formation musicale.
Après un bac littéraire, Jean-Marie suit un double cursus de musicologie et de philosophie à la Sorbonne.
Il se met à écrire, dès cette époque, des textes qui lui valurent la réputation d’un homme doublement spirituel passant allègrement d’un genre humoristique à un genre mystique. D’ailleurs, il reçut de la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France) un grand diplôme d’honneur en ces deux catégories.
Dans ses sources d’inspiration, on pourrait citer La Fontaine, Brassens et Devos.
Lors de la naissance du net, il se prit à aimer relever les défis avec le site Fulgures : il s’agissait de créer et publier au quotidien un texte sur un thème imposé, extrêmement limité en nombre de caractères. Par la suite il participa à quelques concours, souvent internationaux, et fut élu Grand Auteur par les plumes du site WorldWordWoo ! .
Il aime également tous les partenariats, composant des musiques sur des textes d’amis ou des paroles sur des musiques orphelines. Ses œuvres se déclinent sur une douzaine de blogs répartis par thème : poésie, philosophie, humour, spiritualité…sans oublier les Ebulitions de Jeanmarime (son nom de plume). Un autre pseudo donna le nom à son blog de poésies illustrées : https://jm-petit-prince.over-blog.com/
Pendant longtemps il a refusé de graver des CD et d’imprimer ses œuvres sur papier, étant un adepte du principe d’impermanence et méfiant envers tout ce qui est commercial. Malgré tout il vient d'autoéditer le florilège de toute en vie et dans tous les syles : https://www.amazon.fr/Petit-Prince-Mots-dit/dp/B0BFVZGNYM et d'écrire des chansons pour 3 CD d'Ophélie Morival (puis pour d'autres voix amies) : https://www.youtube.com/watch?v=Q0bvWkljrlw.
Si vous ne retenez qu’une chose de lui, c’est que c’est une âme partageuse et disponible.

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