Mes madeleines à moi…
Avoir tant contemplé depuis ma dune préférée tant de beauté
Vu le soleil se lever, attendu le voir se noyer
D’émerger à s’immerger entre deux lignes d’horizon
D’une même pureté, sans concession…
D’une telle splendeur, mes yeux jamais rassasiés, jamais fatigués
Et pendant dix ans, cela à ma portée !
Je vivrai la même félicité avec certes davantage de furtivité
Venue de ce plancher au parfum d’antan tellement encaustiqué, cette si chère odeur surannée de propreté
Avec ma première chambre d’hôtel en cette Touraine d’après-guerre où j’allais aussi découvrir ce qu’était le confort de l’eau froide “puisée” à un robinet de porcelaine enrobé…
Avec ces quelques images volées à la Meuse embrumée et à ses méandres de Monthermé
Avec ces effluves de fumées soufrées venues de quelque forge ardennaise et que mon odorat allait aussi curieusement que vivement, aimer…
Avec ces quelques sonorités généreusement émises par une fanfare de cuivres estudiantine, venue de la ville voisine donner sérénade à l’arrivée du printemps dans cette alpestre vallée aussi torpide qu’encalminée, avec ses quelques flonflons si joliment repris par l’écho en cette bucolique fin de journée entre hiver et été…
Avec cet instant
Hors du temps
Intensément zen que je vécus comme en apesanteur, suspendu
Comme si tendrement caressé par la main d’une divinité, transcendé par la nippone félicité d’un “soir d’été” oriental pour moi et pour ce moment d’exception tellement désorienté
Merci à toi, lac d’Otsu-Biwa je crois, d’avoir toi aussi
A jamais marqué ma vie…
Et vous aurez alors quelques moments de félicité à jamais enfouis dans le plus profond de mon être et ici, livré en vrac, comme “madeleines” sorties de mon panier d’intimités pour nourrir un instant notre épistolaire amitié !
Sans oublier cet accordéon de mon enfance, ce piano du pauvre, qui, si longtemps, en toute circonstance, mon humeur a su si bien partager !
Alors merci chers amis bien aimés d’accepter ces revenez-y, ces joyaux, mes joyaux, je vous prie
Avant qu’ils ne disparaissent à jamais au plus profond de la nuit, de ma nuit…