MA HONTE
Sous le regard d’Abel je découvre la honte
Sans connaitre le crime dont mon cœur s’accuse
Une parole et au front le rouge soudain me monte
Ma conscience se voile et je deviens confuse
Parfois c’est une femme qui me rend à l’enfance
Ou un homme qui ne voit en moi que son désir
Souvent c’est un échec qui mon honneur offense
Toujours je sens la vie en moi s’évanouir
J’aimerais savoir le lieu, me souvenir du temps
Où se joua le drame dont je suis accusée
Je sais que quelque part la petite fille attend
Pour s’excuser auprès de ceux qu’elle a blessés
Est-ce d’avoir vécu et forcé le désir
De ceux qui m’ont fait naître à leur corps défendant
Est-ce des larmes enfouies à l’instant de jaillir
Qui noyant mon chagrin le rendent obsédant
Je suis comme Caïn rongée par le remord
Abel est mort hélas, je ne peux rien y faire
Mais mon cœur lui parle et reconnait son tort
Je lui en fais l’offrande, avec lui je l’enterre
Lorsque l’on est capable de produire la pure merveille qu’est ce poème, on ne peut qu’avoir la conscience tranquille. La honte n’a pas sa place. Il est vrai que parfois, du tréfonds de nous-même, remontent certains souvenirs indéfinissables et pas toujours agréables, mais pas au point de se culpabiliser quand ils servent à faire jaillir “le beau” dans toute sa splendeur.
Merci, chère amie, pour ce généreux partage !
Brahim