Petite fable affable
Ras de poil mais pas à court d’idées,
Pour être accepté en notre monde,
Un rastaquouère tout bridé
Décida d’apprendre, avec sa blonde,
Notre langue et en fit un sabir,
Un baragouin prompt à ébaubir,
Que d’aucuns décriaient à la ronde.
C’était un cocasse patois
Dans sa bouche que cette onde
De sons, dégouttant comme eau d’un toit,
Avec cet accent d’ailleurs qu’on remarque
Et qui, encore et toujours, le marque.
« Salmigondis » et « Amphigouri »
Disaient, en fronçant leur nez, les bonnes
Âmes du pays, cachant leurs ris.
Ceux qui n’avaient pas fait la Sorbonne
Y votaient « charabia » et « jargon »
Digne de quelque obscur Patagon.
Rouge comme un souffleur de trombone,
Notre apprenti faisait bon travail,
Tournait ses phrases comme à Lisbonne,
Mais son galimatias, aïe-aïe,
Faisait rire ou fuir. C’est facile !
Il restait « l’inculte », « l’imbécile »,…
Mais plutôt qu’à railler ses essais
De ce bon « métèque », et sans vergogne,
On aurait du le louer : il sait
Sa langue et, là, il apprend, sans grogne,
La nôtre, besogne malaisée
Fût-on un érudit avisé.
Déçu, il partit aux cigognes
En disant à ses détracteurs,
Habitués du percolateur,
Qui en firent une drôle de trogne :
« En toute chose jaugez l’effort
Et jugez des progrès en renfort :
Le chemin plus que le but importe…
Avec les étapes qu’il comporte ! »
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Ne serait-ce pas, ceux qui vous ont raillé en lisant vos fables affables et ne voulant pas les éditer qui font l’objet de votre essai ?
” To lose ” dans la ville rose…en rouge et noir essai transformé. O moun païs
Je ne l’avais pas vu comme cela mais pourquoi pas, cher Loup. Le Toulousain en moi te remercie en particulier de la fin de ton texte “hommageur” qui n’est en rien mineur. Amicalement…
Bonjour Christian un texte fort réaliste avec vos mots qui percute le sujet bravo
Oui s’intégrer cela n’est pas toujours une mince affaire même chez soit et oui
doux et bon weekend je t’embrasse
Béa
Merci Béa pour ce gentil passage par un texte aux ligne plus contemporaines… mais le thème est éternel. Au plaisir…
Bonjour Christian, Votre texte me ramène à Toronto, il y a plus de cinquante ans. Mon mari, mon fils et moi arrivions au Canada avec à peu près trois mots d’anglais. Je connais parfaitement le problème de l’intégration. J’ai eu la chance de me retrouver dans une école pour migrants venus du monde entier pour apprendre l’anglais. C’est une expérience que je n’ai jamais oubliée.
C’est à ceux qui connaissent ou ont connu une expérience comme la vôtre, ici ou ailleurs, que cette fable est dédiée : qui les accueille ) bras ouverts et non à poings fermés comprend ce que l’Humanité signifie. Au plaisir de vous lire…