L’étourneau retourné – Christian Satgé

Petite fable affable

Pour le pays des soleils généreux
Où, matin arrivée à tire d’ailes,
Vient se blottir l’errante hirondelle
Et vivotent des verts varans véreux,
Initiative fort peu heureuse,
Un jeune étourneau des plus dégourdis
Fors sa bourgeoise, à ce que l’on m’a dit,
Partit, un beau matin, courir la gueuse…

 

Elle avait été, pourtant, son prime amour,
Celui des « pour la vie », des « toujours »,…
Mais c’est à l’étourdie qu’il aimait vivre.
Non étourdie et, plus, se voulant libre.
Résignée à son sort, la répudiée,
Sans faim, le laissa partir, Crédié.

Lui, de grenadiers en banians,
Trompait le temps et cette malheureuse,
Sans fin, avec moulte et moulte coureuse
– Vierge, épouse, veuve,… – mendiant
Amours sans regretter passé, passades,…
Il se lassa – c’est fait : tout se défait ! –
Mesura enfin sa faute et ses effets :
Il s’en revint, un sourire en façade.

Notre volage apprit la vérité nue
D’un compère loriot reconnu.
Il étitapha ces mots lapidaires
Qu’il tenait d’un ancêtre légendaire :
« L’étourdi qui perd sa passion perd
Plus que s’il se perd dans sa passion ! »

© Christian Satgé – décembre 2014 & novembre 2018

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Invité
20 novembre 2018 10 h 43 min

La boussole n’est effectivement pas fruit de la passion : et j’ai tant perdu le nord ! Serais-je étourneau ou étourdi ! Estourbi, certes mais là n’est pas le propos. Ebloui pour sûr par cette fable au long cours ! De nouveau merci Christian. Bien amicalement.