LVII – Les trois clochers (étape 1)
Durant notre année de Terminale, nous avions vu notre catéchiste sœur Gaudot-Paquet se transformer depuis sa découverte des groupes de louange de la communauté de l’Emmanuel sur Paris, et elle ne se priva pas d’y inviter tous les curieux, dont je ne faisais pas partie.
Une fois devenu étudiant et familier de la capitale, j’ai eu à cœur de découvrir un à un tous ces groupes de prière joyeuse rattachés aux communautés nouvelles du Renouveau charismatique catholique.
En élève appliqué, je commençais donc par celles de la communauté de l’Emmanuel. Je découvris d’abord ici et là des soirées pour fidèles de tous les âges avant de suivre le conseil de me rendre à l’assemblée des jeunes à Saint Germain des Près. C’était le nom de la station de métro et non de l’église placée sous le manteau de Saint Germain l’Auxerrois. Peu importe, on disait être de Saint Germain des Près car cela sonnait super bien et ne dénotait pas avec le look BCBG des jeunes s’y retrouvant tous les mercredis soir. J’y retrouvai mon ami Jean-Pascal, un joyeux drille à penchant mystique. Il me prévint que je devais me méfier de la chienne de garde. Il parlait de Béatrice Durante, une petite brune bien en chair qui plaçait chacun selon son apparence et son appartenance religieuse apparente. A savoir d’un côté les charismatiques et de l’autres les priants lambda. En effet cette personne cumulait les rôles de la placeuse, de censeur, de prédicatrice et de cheftaine de chœur. Et quand elle disait de chanter en langue mieux valait ou baisser la tête ou faire semblant. Pas question de se distinguer du reste du troupeau. Néanmoins les chants très rythmés plaisaient à toute l’assemblée, y compris à Jean-Pascal et à moi-même. Voyant des jeunes rentrer avec leur guitare, je décidais d’apporte la mienne la semaine suivante. Grand mal m’en prit ! Ma façon de la gratter n’était pas assez charismatique. Et je ne faisais même pas partie d’une maisonnée de l’Emmanuel qui plus est…Je dus donc replier caisse à guitare.
J’avais parlé de cette assemblée à mon ami Ali, kabyle aimant beaucoup chanter. Je l’invitais donc à m’accompagner à cette joyeuse assemblée des jeunes. A peine Béatrice le vit-il qu’elle le rejeta à la rue par une discrète porte de sortie des artistes. J’étais outré par son intolérance.
Au fond de l’église de ma paroisse, j’avais aperçu un tract d’invitation pour un rassemblement du renouveau charismatique à Paray le Monial, pèlerinage organisé par la communauté de l’Emmanuel. Je décidais donc de m’y inscrire et dès début juillet je me retrouvai sous un immense chapiteau avec, sur la scène, les responsables et
les musiciens de la communauté des fidèles à l’initiative de ce rassemblement. On nous présenta quelques jeunes femmes vêtues comme des carmélites et parmi elle se trouvait Isabelle Durande, mes mains jointes et les yeux au ciel. C’était parfaitement abusif et trompeur car elle n’était pas plus sœur que je ne suis évêque. Et la communauté de l’Emmanuel n’a jamais été un ordre religieux.
Au sortir de cette session, je pris la ferme résolution pour, dès mon retour sur Paris, trouver une assemblée de prière plus ouverte et surtout plus authentique, toujours parmi les communautés nouvelles du renouveau charismatique.