Les désillusions
Ainsi ce fut moi qui, en bombant le torse,
Croyais tout avaler dans un même repas,
Les chevilles enflées, au bord de l’entorse,
J’errais sur des traces trop grandes pour mes pas.
Je cherchais, pour mes vers, des mots définitifs
Que les gens étonnés par autant d’absolu
Disaient, à mon égard, ” quel esprit créatif
Mais encore bien naïf et bien trop dissolu. ”
Je croyais au génie, me pensant tout de go,
Aussi talentueux que fut Victor Hugo
Et, fièrement, je récitais mes odes
A des amis fuyants au premier épisode.
Peut-être, pensez-vous, quelle naïveté
Avait cet albatros, à peine duveté,
Qui croyait, impudent, égaler Baudelaire
En battant, à grands bruits, ses ailerons dans l’air.
Mais voici que la vie et sa réalité
Se charge de scinder nos jeunes dualités
Et l’on se voit, soudain, sans masque protecteur,
Sur une scène vide, sans même un projecteur.
Alors, piteusement, sans gloire ni bagages,
Comme un enfant penaud qui aurait pris un gage,
J’ai perdu, à l’usine, les mots de mon émoi
Et me mit à rêver aux payes de fin de mois.
26 08 1989
Vos désillusions sont les miennes comme le sont pour beaucoup d’autres
beau poème