Face au dessert d’ocre et de sable, le sirocco se courbe, virevoltant au milieu du sérail.
Le magnolia à la chevelure purple se mélange aux jasmins blancs sous l’immensité des palmiers dont les ombres, recouvrent les boutons de fleurs.
Au loin, une caravane s’évanouit dans une brume matinale emportant : soies, bijoux, encens, parfums et épices.
Trônant tel un diamant dans un écrin, le dôme bleu du sérail se dresse, majestueux, offrant ses moucharabiehs à l’astre du jour. Des arabesques de dentelles naissent, prenant formes sous des yeux qui se cachent pour mieux observer.
Une fontaine de faïence bleue et or trône aux milieux des orangers. un filet d’eau ruisselle dans un doux murmure délivrant la fraîcheur aux colibris.
Sous les voûtes, des sofas attendent les confidences des odalisques.
Au bout du patio, le portail du hammam en bois sculpté se dresse, paradant ses couleurs de jade aux bancs de pierre.
L’odeur du jasmin et du patchouli, s’offre au nez de Shéhérazade, son sari de soie d’or et rouge glissant à terre. Son regard de braise se pose sur la servante, son sourire l’invite à venir s’occuper d’elle.
Le massage, l’épilation au sucre, le gommage, le rassoul et l’huile d’amande se feront doux sous les mains de Fatima. La vapeur cache les rires et les intriques des femmes du harem.
Ce soir Shéhérazade danse pour le prince héritier , de l’espérance à recevoir le mouchoir qui la désignera pour la nuit.
Une jupe en tulle de soie sauvage safran, épouse les hanches indomptés de la belle odalisque. Le buste presque nu se dresse avec grâce, des bracelets de serpents ornent les avants-bras. Des clochettes sur les chevilles tintent doucement aux sons des tambourins. Sous un regard de braise, les yeux verts en amande bordées de Khôl, captivent ceux du Prince, la bouche bordée de couleur hibiscus, s’entrouvre dans une demande de baiser. La gazelle s’élance sur les tapis persans, faisant voler la soierie au milieu de la piste. La cithare se met en marche, le diable entre en son corps. Ses hanches se balancent doucement, l’ivresse prend naissance dans des mouvements les plus sensuelles. Les sens interdits à tous, s’entrouvrent pour un seul homme.
Les yeux du Prince la suivent pas à pas, les doigts suivant la cadence, le palais vie aux rythmes de ses plaisirs.
Des servantes chuchotent en buvant du thé à la menthe, plus loin, des hommes fument le narguilé, vautrés sur les sofas, des yeux se devinent derrière les moucharabieh.
Dans ce sérail la vie devient plus intense qu’ailleurs, se concentrant sur le principal, l’amour.
Ce soir le vent se lève sur le désert, balayant les buissons séchés, faisant virevolter le sable chaud, glisse des larmes aux gardiens qui s’endorment de béatitude.
Shéhérazade a gagné son mouchoir.
Demain est un autre jour qu’il faudra conquérir, mais ce soir le plaisir est au bout du foulard qu’elle glisse sur ses hanches
Anne Cailloux
Oh oh.. J ai appris ce soir. Tu as belle ecriture Anne
Je me suis imaginée dans le rôle.. oh je deviens un peu folle
Bise bise.. Julie
Oh que non, vous avez raison, imaginée donc, cela est fait pour ça.
Merci Julie de votre commentaire Julie
Anne
Toujours l’oeil et la plume aiguisés ! Bravo Anne pour le transport.
Merci à vous Serge de me lire.
Anne
wow, c’est vraiment beau… joli moment poétique
merci
Ol
Vu le temps Olivier cela fait rêver..
Merci de vos jolis mots Olivier
Anne