Le rat, roi des souris – Christian Satgé

Petite fable affable

Un rat se trouvait être devenu
Par un hasard qui m’est, las, inconnu,
Le principicule d’un bout tout pourri
De grenier, s’abaissant, scélérat,
À frayer avec d’insignes souris.
C’était démériter pour un rat
Qui voulait voir, là, régner les rongeurs.
Or ses ouailles, cela laisse songeur,
Sont des êtres tremblants, peureux,…
Pas d’intrépides héros se jetant
Dans les flammes ; c’était un jour heureux
Quand ils ne reculaient pas, haletants,
Devant une ombre ou au premier bruit,
Se débandant même devant qui fuit.

Avec de tels sujets pour seuls soldats,
Dès lors, son rêve est fantasmagorie
Sans fondement, délire de fada,…
Aussi pour que de lui on ne se rie,
Il harangue son peuple de soumis,
Ces ombres vaines et nulles au chifoumi,
Automates passifs, sans volonté,
Sans résistance ni force à offrir.
« Par impérieuse nécessité,
Se suffire de peu et tout subir
C’est trop !… Assez !… Devenons agressifs !
Fi des dogmes et foin des poncifs !

Pourquoi ne se vouloir un peuple plus haut,
Ne pas aller plus vite ou ne voir plus loin
Et faire plus fort ? Soyons les héros
Du monde des mulots, maîtres au moins
Du lieu !… » Ce ne sont qu’ovations,
Promesse, auto-proclamation
Du rat, roi de ce monde. Et nul n’entend
Le chat qui piège cris et hourras
De la plèbe et de son patricien.
Le griffu dit, se délectant du rat :
« Le plus fort est celui qui n’oublie
Pas sa faiblesse*, Sire l’Anobli ! »

 

© Christian Satgé – juillet 2016

* Proverbe suédois.

 

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Invité
13 février 2019 14 h 38 min

Bonjour Christian
Hé sir rat fait attention à tes moustaches chats qui veillent
Une sublime fable bien unique à son hauteur bravo
Je ’embrasse