Le quetzal trop cordial – Christian Satgé

Petite fable affable

 

Un oiseau ravisseur s’était pris d’amitié

Pour un quetzal resplendissant, un animal

Qui a plus de queue que de plumes et, pitié,

Moins de chair que de plumage. Où est donc le mal

Me direz-vous ? C’est que le premier est rapace,

Prédateur du second, aux tropicaux espaces.

 

Certes, tout est à l’excès en ces forêts-là

Mais quand même, avouez, Amis : faire du plat

À son pire ennemi est chose dangereuse

À tout le moins. Cervelle d’oiseau ne vaut pas

Plumage ou ramage et une vie courageuse

N’explique pas que l’on coure ainsi au trépas.

 

Pire, le grand fauve ailé, vivant guindé

Quoique volant de guingois, était moins ami

De l’autre emplumé que ce-dernier ne l’était

Du prédateur. Ce sont las des infamies

Courantes en ces vils pays restés en jachère…

Et autres lieux circonvoisins, Ma chère.

 

Mais le quetzal, heureux, n’en soupçonnait rien.

Il présenta ce proche prochain aux siens

Qui lui firent bon accueil comme on sait faire

Chez ces bêtes courtoises et affables. Hélas,

Trois fois hélas, ce gerfaut leur fit leur affaire

Ayant, enfin, là, l’équivalent d’un tétras !

 

Ne vous attachez point aux gens qui vous dédaignent

Si vous craignez qu’un jour votre bon cœur ne saigne.

 

© Christian SATGÉ – octobre 2021

Nombre de Vues:

46 vues
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

Laisser un commentaire