Le perdreau de l’année – Christian Satgé

Petite fable affable

La vieille chouette n’en croit pas ses yeux :
Drôles d’oiseaux s’il en est, ses dix élèves
Dont une triple buse n’ont rien de merveilleux ;
dire qu’elle doit éduquer cette relève !

Têtes de linottes, bavardes comme pies
Ce ne sont, las, que faisans, butors ou bécasses
Oies et dindes qui, après cours, la font flapie.
Mais elle insiste à s’en bousiller la carcasse.
Ce jour-là, pour tous, elle a prévu un devoir
Sur table mais un fort jeune coq, véritable
Canard boiteux fier comme un paon, pour ne voir
Baisser sa moyenne est absent. Inacceptable !

La chouette, pour ne pas être le dindon
De la farce, au premier jour où cette cervelle
De moineau revient en son cours lui fait don
D’un contrôle. Et il n’apprécie pas la nouvelle !

« Comment, dit-elle, vous n’êtes pas un manchot ?!
Vous avez révisé dur pour avoir la note
Que vous méritez… et malheur !, bien au chaud,
Au lit, vous avez du rester, claquant des quenottes,
Si j’en crois le billet que m’a fait parvenir
Votre si chère mère, cocotte à ses heures.
Tant de travail devrait rester vain ?! Punir
L’effort n’est pas chose qu’on fait en ma demeure ! »

Bien sûr ce vautour qui se croyait faucon
Car il vendait parfois des rossignols, en douce,
À des grues, reçut le juste prix, bien rond,
De sa rouerie et n’y repiqua plus… par frousse.

Qui veut tromper l’autre doit savoir qu’on supporte
Mal d’être pris pour mot qui trois lettres comporte !

© Christian Satgé – mars 2020

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Invité
28 mars 2020 23 h 23 min

jolie fable , bel humour et avec du style ……

OberLenon
Invité
OberLenon
28 mars 2020 16 h 37 min

Soutien à touuutes les “vieilles chouettes” !! Bravo Christian !

Brahim Boumedien
Membre
27 mars 2020 21 h 37 min

Merci, Christian, pour ce partage !