Le jeune dindon & la vieille chienne – Christian Satgé

Petite fable affable

 

Un jeune dindon fessu, bedonnant,
Qui vivait petit mais rêvait plus haut
Trouva, par un clair matin, un chapeau
Qui lui donnait l’air louche d’un manant
De comédie ; là, lui alla prétendre,
Dodu redondant, qu’avec ça, il fait
Ruffian et, donc, que l’on va l’entendre
Jouer au fat boutefeu dans les faits
Et dans la ferme. Voilà notre mufle
Qui fait le dur-à-cuire, le maq’
À trois sous en jouant du cou commac’,
Se croyant bien plus fort qu’un bon buffle,
Plus puissant encore qu’un taureau :
Les songes sont un fertile terreau !

 

Mais son petit jeu, lui, n’amuse guère
La chienne ossue ayant du chien
Qui régentait tous les troupeaux naguère
Elle qui surveille tous les biens
Du berger jusqu’à son humble poulaille,
Fait connaître à ce fort dodelinant
Joueur de croupe qui tant et plus braille
Qui est le chef. Mais l’oiseau dominant
Ce cabot tenant fort du nabot, lice
Si rugueuse comme seul peut l’être un pec’,
Lui dit : « Là, Tu es tombée sur un bec
Avec moi, garce, et un bon bec ! Police,
Justice,… ne valent pas un radis :
Ils sont parasites en mon Paradis ! »

 

Dès lors, entre eux deux, c’est rixe et querelle :
Aux cent viles exactions de l’un
Répondent, et de façon naturelle,
Mille vexations de l’autre, à jeun
D’abandonner toute partie contre
Ce père indifférent, ce gros mari
Si peu attentionné qu’elle affronte
Maffieux d’opérette, une avarie
De basse-cour,… Le paysan proteste
Contre ce vain conflit-ci qu’il honnit :
La chienne est fort vertement punie !
Notre dindon se rengorge, immodeste.
L’autre lui dit : « Noël va me venger :
L’homme ne choie que ce qu’il va manger ! »

 

© Christian Satgé – juillet 2016

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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