Le fermier qui la fermait – Christian Satgé

 
Petite fable affable
 
Ce vieux fermier était un taiseux :
Un geste lui coûtait moins qu’un mot.
Avare de sons, notre bouseux
Vit, un jour, un notaire grimaud
Venir, tout sourire, jusqu’à lui ;
Il était volubile à souhait,
Parlant du soleil et la pluie,
D’un ton alerte. L’autre, muet,
Attendait que tous ces vains propos
Laissent place au vrai et au concret.
Le tabellion fit le tour du pot,
Atteint de verbale diarrhée,
Puis demanda au Silencieux,
 S’il consentait à la lui vendre, enfin,
Maintenant qu’il était mal et vieux,
Arpents et champs dont lui avait faim.
Le fermier lui présenta, sympa,
Son fusil et fit d’un air buté :
« Garde-toi du chien qui n’aboie pas
Comme de tout être qui se tait ! »
 
© Christian Satgé – mai 2014

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