Le fauve et Madame – Christian Satgé

Petite fable affable

Un vautour fauve, fort chauve de surcroit,
Sur nos monts et vaux faisait planer son ombre.
Il s’en trouvait pratiquement le seul roi :
La crainte de ses exactions, sans nombre,
Faisait de ce sournois un être sombre,
Lui valait respect, crainte, soumission,…
Son règne ici n’était donc qu’oppression.

Son épouse était princesse sans clémence
Et une conseillère sans pitié,
Déchiquetant tout pour en faire bombance :
Leur justice, aimant beaucoup à châtier,
Variant au gré de ces gens entiers,
Était sous son aile et, pis, entre ses serres :
On ne pouvait qu’être ami ou adversaire !

Une buse, oiseau lige de ce vautour,
Oublie, un matin, de saluer sa reine
Distrait par le vent qui joue de sales tours
Sur nos monts et vaux où, souvent, il sirène
Et gêne jusqu’au vol de la suzeraine.
Mais le lèse-majesté est criminel,
Soit-il purement inintentionnel !

Procès. Pas de circonstance atténuante.
Mise à mort. Pour dommage et intérêt,
La souveraine obtint, vanité puante,
Que la couvée de la buse, par arrêt,
Soit aussi sacrifiée. Miserere.
En public. Comme la mère. Pour l’exemple.
On verrait s’il fallait des sanctions plus « amples » !

De tels actes, répétés, l’adage est né
Par nos monts et vaux, qui dit sans chicaner :
Derrière tous les salauds de ce monde
On trouve une salope, souvent tapie,
Au moins aussi vile, mauvaise et immonde
Que lui pour l’aider à vous mettre au tapis !

© Christian Satgé – Septembre 2015

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

8 réflexions au sujet de “Le fauve et Madame – Christian Satgé”

  1. C’est en tout cas ce qu’on dit de nos monarques. Quand à nos égéries présidentielles, on se demande ce qu’elle peuvent bien faire sur le tapis ! Une fois de plus j’ai adoré cet habile maniement du vocabulaire et ces vers aériens. Y aurait-il une oiselle derrière vous pour nous mettre chaque fois au tapis ! (bien sûr je ne veux pas savoir, le mystère est si savoureux !!!) Amitiés confraternelles (certains disent que j’ai beaucoup de mal à faire le “fraternelles” et que pour le reste ça va…)

    • Merci Serge de votre éternelle gentillesse à l’égard de mes bluettes qui je l’espère ne sont dénuées d’une certaine vérité. Ce qui suppose que derrière tout “homme bien” il est une “femme bien”. J’apprécie doublement vos amitiés car moi moi aussi j’ai du mal à ne pas faire le c… Au plaisir de vous lire.

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