Le corbeau et le lapin – Christian Satgé

Petite fable affable d’après un texte courant « sur la toile »

Connaissant ce Siècle, Jean de La Fontaine,
Aurait pu y jouer les croque-mitaines.
Il n’aurait pas pris de gants ni, sûr, de mitaines,
Pour railler les oisons que l’on prend en pantenne :

Maître Corbeau sur un arbre perché,
Quelque vieux fromager sans doute, n’en fichait
Pas une ramée, le bec béant et l’œil vide.
Un lapin qui avait avisé l’impavide,
Lui tint à peu près ce langage :  « Mon ami,
Puis-je m’asseoir, ne rien faire, même à demi,
Comme tu le fais si bien, depuis tant de lustres ?
Mais bien sûr, répondit-il, je ne suis point rustre !
Dans cette ombre et sur cette herbe, paresse ou dors,
Assois-toi où te sied, profite du décor :
En ce bas monde, il n’y a rien de mieux à faire ! »
Ainsi fut fait, chacun vacant à ses affaires,
Jusqu’à ce que l’envie de la sieste cloue au sol
Notre lapin, sous son tout nouveau parasol.
Maître renard, par le clabaudage alléché,
L’a vu, assommé de sommeil, ainsi couché.
Il s’est approché et, dans un prudent silence,
D’une bouchée en fit, ce jour-là, sa pitance.

Larrons, lurons, pour rester assis, tout le jour,
Oisif et oiseux dans le terrestre séjour,
Sans jamais languir ni s’en inquiéter toujours,
Il vaut mieux être haut placé. Sur ce, bonjour !

© Christian Satgé – octobre 2011

Nombre de Vues:

38 vues
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

6 réflexions au sujet de “Le corbeau et le lapin – Christian Satgé”

Laisser un commentaire