Le coq et le serpent – Christian Satgé

Petite fable affable

Un coq trouvant que sa cour manquait d’arpents
Décida de s’aérer la crête
Du côté des labours où, clopin-clopant,
Il glanait plus que dans sa courette.
Aussi en devint-il humble comme un paon.

Entre errance et bombance, la bête
Portant beau, chantait haut et, pour nos tympans,
Faux. Tout à sa joie rien ne l’arrête.
Son tintouin, par malheur, attire un serpent.
Un vrai. Pas un orvet d’opérette.

Le reptile, œil noir et crochets, est flippant.
Le coq dans son ancienne retraite
N’avait jamais croisé un tel chenapan.
Il le voit, n’en croit pas ses mirettes :
Un ver de cette taille… mais c’est tripant !

Il se dit : « Voilà ma soupe prête ! »
Puis annonce, fier et docte, à ce rampant :
« Toi l’insigne fils des pâquerettes,
Je t’honore en t’invitant à un pimpant
Repas… Viens ici que l’on t’apprête. »

Notre coq voulut, bec tranchant et coupant,
Becqueter ce ver qui d’une traite,
Prompt, retire son cou encore en suspens.
« Tu t’es joué de moi, Collerette.
D’un baiser, je pardonne ! » fit-il, frappant.

La générosité, qu’on se le figure,
N’est pas toujours, Ami, du meilleur augure
Et le pardon promis souvent plus cruel
Que la convocation à un vrai duel !

.

© Christian Satgé – mai 2013

 

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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6 Commentaires
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Anne Cailloux
Membre
30 septembre 2018 21 h 00 min

Oh oui, faut se fier à rien…
Bel fable qui est bien plus parlante avec nos amis les bêtes
et surtout bien plus parlante avec vous.
Merci de ces fables qui nous détendent.
Amitié
Anne

O Delloly
Membre
30 septembre 2018 12 h 21 min

bien vu, bien conté
merci pour cette fable christian

Laurence de Koninck
Membre
30 septembre 2018 12 h 10 min

J’apprécie votre humour Christian et votre fable me réconcilie avec les serpents! Merci pour cette lecture bien plaisante.