Le Cancre
Copieuse craie grasse sur le tableau noir,
héritière de la mémoire des hommes,
Dis-moi pourquoi tu m’interdisais le Savoir.
Pourquoi cela faisait mal à ma mère.
Pourquoi j’étais toujours tourné à la fenêtre,
Comme ci j’avais pris une claque monumentale.
Toujours loin de l’école mes études se faisaient
Avec des voyous, dans des rues où on ne valait rien
Peut-être, mais on voulait toute la ville à nous.
Un appétit d’ogre nous tirait par le bout du nez,
Tous les trésors de la vie sous nos yeux,
Nous donnaient l’envie de conquête de fortune.
Mon cartable toujours comme une enclume,
Je le remplissais déjà oui de poèmes renégats,
Sur la guerre en Irak, sur mon trac pour l’aimer,
Sur mes envies d’être le crack et de fumer de l’Aya.
Faya’ on flottait entre Guile et Kev’, sur un nuage
De foudre, un nuage noir d’orage, en usant de notre organe
A raper des flammes du mal, sans en connaître encore le ferme.
On voulait que le monde ferme sa gueule et pas sur nous,
Alors on chassait jusqu’en entre chien et loup des arnaques
Des vols, mais pas d’oiseaux dans les lettres de nos blazes,
Juste la noblesse du vaurien de ne prendre qu’aux riches leurs fardeaux.
Oui en vrai, je vous le dis depuis enfant j’ai la haine.
Depuis petit, je vois les problèmes d’une société en berne,
Alors je dois faire un effort, sans cesse, un effort long et dur
Pour croire que malgré les douleurs que m’évoque le système,
Je n’irais pas comme une voiture folle en feu, dans le mur,
Mais vers un futur où la poésie carbure à l’essence de la vie.
Je ne t’ai jamais aimé écolière, je te voulais dans les buissons
Comme Cunéguonde peut-être suis-je naïf, candide à faire tourner les caddys,
Mais je sais qu’il me reste de cette école buissonnière
L’envie de voir toutes les routes de traverse et de guérir la Terre,
puis d’un poème réussi faire, enfin, sourire mes sœurs et frères.
Oui ! Éduquer et surtout éduquer à la paix ! Merci pour ce partage !