Petite fable affable
Un buste antique et une statue en toc,
À la nuit tombée, discutent chez le broc’
Où ils espèrent depuis belle lurrette
Trouver preneur, amateur ou bien chineur.
« Vois, dit la statue, voix aigrelette,
Comment notre marchand, ce baratineur,
M’a martyrisée : je suis les bras cassés
Coups portés au cou et les seins effacés,…
– Ça fait authentique ! soupira le buste.
Tu trouveras peut-être quelque collectionneur
À séduire ainsi : le malheur rend auguste !
– Lui sommes-nous plus chers ? J’avais, par bonheur,
Un corps parfait pouvant plaire à un esthète !
– Moi, il me reste presque toute ma tête
Et comme disait, fit le diminué,
Un de mes contemporains* en sa pinède :
“Le bonheur, ma foi, c’est de continuer
À chérir de tout cœur ce que l’on possède”. »
* Il s’agit de St Augustin (354-430)
© Christian Satgé – février 2015
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