L’adieu à mon père
Nous étions six, unis, dans la sinistre pièce
Debout, dans l’hôpital, devant un lit funèbre
Pour voir notre héros mourir en fin de pièce
Dans une tragédie conduisant aux ténèbres.
Allongé, tuyauté, respirant à grand peine,
Entouré d’appareils devenus dérisoires
Mon père toujours là au milieu de nos peines
Luttait dans un combat à l’espoir illusoire.
Son cœur battait encore de façon mécanique
Mais son âme, sans doute, avait quitté le corps,
Son souffle, peu à peu, devenait moins phonique
Faisant de son visage un masque sans décor.
Collées devant ce lit, les photos importantes
Enfants, petits-enfants posant avec mon père
Toutes étaient pour lui des joies réconfortantes
Son trésor le plus cher et ses derniers repaires.
Ma mère, assise et toujours amoureuse,
Désemparée, ne cessait de le dévisager.
Du jeune compagnon de ses heures heureuses,
Restait ce beau visage d’un mari très âgé.
Ma sœur, à son chevet, gardait de l’espérance
Caressant tendrement le visage paternel
Elle lui parlait tout bas avec tempérance
Priant secrètement qu’il demeure éternel.
Nous attendions la fin sans montrer d’impatience
Et nous nous demandions s’il pouvait nous entendre
Si malgré ses yeux clos lui restait la conscience
Pour écouter l’amour porté par nos mots tendres.
Me revenait parfois des souvenirs d’enfance
Son humeur joyeuse, ses très rares colères
Sa bonté pardonnant mes petites offenses ;
Quand son cœur s’arrêta ! Et mes larmes coulèrent……
J’aurais voulu crier pourtant je fis silence,
Devant ce corps inerte et sans respiration.
S’il fut pour ses amis un être d’excellence,
Papa reste mon guide et mon inspiration.
19 09 2003
“S’il fut pour ses amis un être d’excellence,
Papa reste mon guide et mon inspiration”
Ne meurt alors jamais un père
Ne s’évanouit non plus
Le souffle d’un guide
Merci, Philippe, pour ce si beau partage bien écrit, et touchant.
Je vous remercie beaucoup pour votre message. Ce texte m’a servi pour faire mon deuil. Lorsque quelque chose me dépasse, il faut que j’écrive. c’est ma thérapie…
C’est très touchant Philippe. Je peux te dire que ton poème me rappelle que j’ai perdu mon père d’un cancer, une force de la nature cet homme. J’avais 25 ans et lui 56… Trois mois après naissait mon premier enfant; j’aurai tant aimé qu’il le vit.
Très bien écrit, car l’émotion est présente.
Amitié