La vie vue du vallon – Christian Satgé

 

Cycle pyrénéen

 

Sont-ce des Cieux si hauts qui font des lieux si beaux ?
Au milieu des agneaux court l’argent d’un ruisseau.
À son chant, l’alouette
Vient s’abreuver à l’heure où, dans le frais cristal
De son courant sans courroux, tout en récital,
Se mire la silhouette
De la Ninon au flutiau gardant troupeau,
Parée de ses affûtiaux, si brune de peau.

 

 

La source, toute atonie, frappée d’aphonie
Se tait aux harmonies de cette symphonie
Et les souffles soupirent
Pour mieux entendre la voix de ce bout de bois
Que l’écho, franco, renvoie doux comme un hautbois.
Partout, le Beau transpire :
La fleur qui naît au levant a des tons fervents
Et s’épanouit, souvent, au baiser du vent.

Ici, point d’or des moissons donnant le frisson,
Ni vendange à l’unisson de vieilles chansons
Comme en grasses campagnes.
Ici, on ploie sous un faix toujours imparfait ;
Parfois, on plie sous l’effet d’un temps à méfait.
Infertiles montagnes,
Pour remplir cave et grenier, nul ne peut le nier,
Il faut sur tout rogner, dia, être chicanier.

Dans les braises du couchant s’éteint le doux chant.
La Belle a quitté le champ, la nuit approchant.
De gerbes en javelles,
Elle va, jamais bottée, par chemins crottés,
Toute riche des beautés que vont apporter
Une saison nouvelle
Quand, parmi les agneaux, court l’argent d’un ruisseau.
Sont-ce des Cieux si hauts qui font des lieux si beaux ?

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© Christian Satgé – Décembre 2011

 

 

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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8 Commentaires
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Invité
8 juillet 2018 12 h 32 min

Superbe Christian bravo qu’elle finesse de manipuler des beaux et jolis mots une une description sublime, tout simplement une magique muse que vous avez.
mes amitiés
Fattoum.

Anne Cailloux
Membre
8 juillet 2018 11 h 53 min

Vous êtes un magicien, à chaque fois, j’ai l’impression de connaître ce lieu décrit !
vous sublimer encore plus dame nature.
J’aime beaucoup
Anne

Invité
5 juillet 2018 9 h 04 min

La nature ici, la montagne , déploie ses ailes dans un poème et des images grandioses. Mon cousin habitait au pied de ces montagnes et du Gave de Pau, c’est magique. Bonne journée Christian

Marie Combernoux
Membre
5 juillet 2018 8 h 39 min

encore un magnifique hommage à nos montagnes pyrénéennes ! “montagnes Pyrénées, vous êtes mes amours, cabanes fortunées, vous me plairez toujours……etc” ! IL y aussi “Bèth ceù de Pau” en patois béarnais, et tant d’autres, je suis comme toi, mon coeur est terrien et montagnard, la mer me plaît aussi mais je ne m’y sens pas bien comme dans ce décor magnifique que tu as choisi pour illustrer ton poème. MERCI pour ce partage
AMITIES

MARIE