CHAPITRE 8 – Tu dis que tu aimes … mais …
– Et bien Fend-la bise, tu me parais bien abattue ce matin…
– Maouh ! Oh mais regarde autour de nous… ils ont ressorti les valises, les cartons et tout le bazard ! ça sent le déménagement à plein naseau !
– A oui ? mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien emporter ? est-ce-ce qu’on emmène l’arbre qui nous abrite, ou le nid qui nous protège… il y a quoi dans ces caisses ?
– Oh tu sais les humains s’encombrent d’un tas de choses inutiles… ils passent leur vie à « acheter », (c’est le terme qu’ils emploient). Je dois dire qu’à leur contact je me suis attachée aussi à certaines choses : le panier de Charly et la couverture de Mao… Ils m’ont appris à regretter « le passé » et à redouter « l’avenir ».
– C’est quoi ces trucs-là ? Le passé et l’avenir ?
– Et bien le passé c’est la somme des regrets et des remords que tu accumules, et l’avenir ce sont tes espérances et tes craintes.
– Et bien merci, très peu pour moi. Le présent me suffit largement. Il passe si vite qu’il ne faut pas le laisser filer.
– Mouaih ! il passe vite sauf quand on attend demain. C’est sans doute pour ça qu’ils l’ont inventé : pour ralentir le fil du temps… c’est leur truc ça, tu sais. Ils n’arrêtent pas de redouter un avenir dont ils emplissent leur présent. « La vie est courte mais les malheurs la rendent longue », c’est ce que disait Mao-sait-tout pour me consoler parfois… Si on retourne dans la maison sans jardin, celle où seuls les chiens ont le droit de sortir, je vais me laisser mourir de chagrin…Oh ! Vous allez tellement me manquer… je me suis tellement attachée à vous mes amis, et à la campagne : le soleil, la pluie, le vent…
– Tu sais, comme disait Bob, mon collègue chanteur :
« Tu dis que tu aimes la pluie mais tu ouvres un parapluie quand il pleut,
Tu dis que tu aimes le soleil mais tu cherches l’ombre… »
Carpe diem ma minette. Chaque situation a ses avantages et ses inconvénients. Je suis sûr qu’en ville tu trouveras de nouveaux amis : mouches, guêpes, poissons-d ’argent, pigeons sur le rebord de la fenêtre…
– Mouaih tu as peut-être raison Pinson. Ta philosophie me fait du bien, cela me rappelle mon Bon Vieux Charly… Oh, ça y est on s’en va… elle va me mettre en cage comme une bête féroce. Quelle humiliation… Au revoir mon Pinson, je ne t’oublierai pas !
– Mais si oublie moi, mais souviens toi de mon chant ! il te rendra gaie comme un pinson.