Petite fable affable
« Les sots sont un peuple nombreux* »
Et on est tous l’idiot d’un comparse…
Notre œil n’est pas toujours heureux
Quand on regarde les mecs ou les garces
Gitant parmi les culs-terreux.
Dans les haies bordant la cour de l’école,
Tourterelle en mal de couvée
Pleurait sur son sort : vivant à la colle
Avec un mâle lui ayant prouvé
Son amour, elle n’était encor’ mère.
Cybèle est cruelle parfois :
La coucou ayant, voilà preuve amère,
L’amour maternel plus que froid,
Abandonne son petit à une oiselle
Qui, las, ne ressent même pas
Qu’on a tué dans l’œuf son fils sans aile.
Et tout ça sans mea-culpa !
La colombine trouva un nid vide
À ras du sol, humble couvoir
De rouges-gorges ou linottes impavides,
Qu’importe. Elle fit son devoir :
Cette nichée-là serait la sienne.
Aussitôt elle la couva.
Mais, hélas, cette Sainte Marie païenne
Vit sortir, sans aucun vivat,
De l’œuf abandonné une couleuvre
Qui la happa. Et au plus tôt.
Elle, toute dévouée à son œuvre
Défuncta dans un staccato.
Elle aurait dit, dans son dernier souffle,
Qu’hélas la Vie ne se mesurait pas,
Que l’on soit discret ou fasse baroufle,
Aux respirations jusqu’au trépas
Qu’ici-bas nous prenons mais, bon apôtre,
À celles que nous donnerions aux autres…
© Christian Satgé – octobre 2020
Nombre de Vues:
5 vues