Elle était tout, tout pour lui, sa Mimi.
Ils étaient bien contents, de se retrouver, en fin de journée, tous les deux à la maison.
Après le repas, ils sortaient et s’en allaient se promener, ensemble, le long du canal.
Ils tenaient bien la route, tous les deux, depuis toutes ces années.
Lui, tout à ses côtés, affairé, elle, toujours à sa gauche, mais vraiment gauche.
tout le contraire de vive et agile.
Ils n’auraient loupé cette balade nocturne pour rien au monde.
Et ils cheminaient ainsi, à pas lents, la nuit tombée, sous les arbres, les lampadaires éclairés et les étoiles.
Leurs sens aux aguets, ils humaient la verdure, en friche sur les abords du chenal. Selon les saisons, l’herbe tendre, les premières graminées, les iris sauvages, coloraient les berges du cours d’eau et parfumaient l’atmosphère.
Tandis qu’ils avançaient lentement, il lui murmurait de tendres paroles, lui chuchotait des mots doux.
Arrivés au pont, avant de faire demi-tour, il sortait les amandes de sa poche. Cela faisait partie de leur rituel, ils en raffolaient. Avides de vitamines, ils les dégustaient, l’un après l’autre. En les croquant à pleines dents. Il avait soin à chaque fois de lui laisser la dernière. Cela sonnait la fin de cérémonie.
Ils repartaient ensuite et terminaient leur parcours.
Au moment de rentrer, ils s’arrêtaient, à côté de l’arbre, au pied de la porte d’entrée.
Là, ils prenaient leur temps, lui, il empruntait son air grave et sérieux, et il ne la quittait pas une seconde des yeux.
Ils profitaient de ce bon moment présent, prenant leur temps posément.
Et lorsque la fraîcheur tombait, de manière rapide, brusque et inopinée, il jetait un coup d’oeil sur son portable. Il rompait tout à coup le charme, de ces moments de rêve, avec une volte-face brutale. Ce qui ajoutait un froid, à la chute des températures. Il se mettait alors à la toiser, glacé et à tirer sur la laisse par à-coups brefs et secs…
Et il lui ordonnait, avec un verdict sans appel : « Allez la Mimi… Un dernier petit pipi ».
Le toutou, bonne bête, s’exécutait, illico presto, tandis que lui pivotait afin de regarder au loin, vers d’autres horizons…
Et dans la foulée le chien-chien tournoyait, jappait, sautillait, autour de son maître. Il lui faisait là une belle fête. Son propriétaire, lui répondait “Oui, ma Mimi… Oui, ma Mimi.”. Et il lui caressait le dessus de la tête, la chatouillait sous le museau. Puis il lui ouvrait en grand la porte de la demeure.
Elle était tout, tout pour lui, sa Mimi.
Marco O’Chapeau, le 4 septembre 2022
repris au 29 octobre 2017
débuté le 20 février 2009
Thème d’atelier “Une histoire d’amour”
Jolie histoire qui jusqu’au bout laisse croire qu’il s’agit d’une femme alors que c’est bien d’une chienne que l’on parle…Bien écrit, bien pensé, bien trouvé, bien imagé, bien, très bien !
J’adore la chute !🤣 Bravo👍