Douce grâce, bénie sois tu en ces instants
De confusion, de frustrations, de désabus et de cynisme
Encore réside en toi l’allégresse du printemps
Alors que tout autour règnent haine et sadisme
D’où viennent donc ces lents et crus atermoiements ?
Cette perdition intime qui rend le regard torve
Ne sachant plus très bien sur quoi porter son sang
Et dont la pétillance n’est plus qu’une sombre morve
Chante nous barcarolles, hymnes et longs arias
Car, de ta noble joliesse, je prends l’aérien sel
Et me fonds en ton charme, soumise à tes appâts
Volontaire capture que ta grâce ensorcèle
Et ainsi les milliers d’âmes désemparées
Que je croise parfois, fourbues de leur égo
Errent injustement sans savoir, sans prier
Persuadées que le monde n’est qu’un vaste fléau
Cœurs aigris, esprits arc-boutés sur leurs vénaux atouts
La surprise n’est plus, et l’enfant s’est noyé
Alors, blessés ils blessent pour compenser leur joug
Sans conscience et sans âme, corrompus, égarés
Intolérance ubiquiste, agressivité lente
Lentement tu ronges les cœurs, inaptes à l’allégresse
Je préfère te bannir, t’exiler, bienveillante
Et cultiver la joie, divine enchanteresse
Ah mélodieuse façon tu me grises et m’emportes
Et mon regard partout voit l’amour révélé
Celui qui sans attente n’a pas besoin d’escorte
Car pur il s’abandonne à la radieuse Beauté