De poétiques tourbillons – David Frenkel

Nuit psychédélique

Dans le tourbillon assourdissant

De la grande messe métallique,

Et sous les lasers fluorescents,

Je dansotte avec les alcooliques.

Pris dans un tourbillon de folie,

Dans l’abysse je suis entraîné ;

J’aperçois la méduse Aurélie ;

Sous ses ailes d’or je vais caner.

Le mal de tête me ressuscite, 

M’extraie du tourbillon de mes rêves.

J’émerge dans une aube anthracite

Celle qui m’enténèbre et me crève.

Dansez arias

Les soucis dansent avec moi

Dans un tourbillon de joie.

Ils ont vibré d’effroi

Aux souffles de Dame Fortune,

Et ont trépassé

Dans un tourbillon de bonnes nouvelles.

Ils ont ressuscité

Aux détours des vicissitudes de la vie ;

D’autres esprits les avaient invités.

Avant de partir, valsez avec moi.

Le labeur, ma solitude

Dans un tourbillon de labeur,

J’enfonce mon impérieuse vanité.

Agite-toi, besogne indispensable ;

Tes objectifs me font vibrer jusqu’à la moelle.

Sous le joug d’un capitalisme fiévreux,

Sous la férule de fébriles mépris,

Je tourbillonne dans la vaste économie,

Dans la solitude endormie.

Mouvements amoureux

Dans le tourbillon de l’amour,

Tes yeux tournent en vrille,

Ta voix descend en spirale,

Ton parfum monte en volute,

Ta grâce tourne comme une hélice,

Et mon cœur se tortille d’amour.

L’infâme jalousie

Dans le tourbillon de la passion,

J’aperçois maintes rivalités.

Mon amour est en ébullition

Dans la tortueuse volupté.

Mes mots s’agitent de jalousie

Qui dans un tourbillon de violence

Enlève à l’amour sa poésie.

Le poème se meurt en silence.

Un vaste tourbillon de colère

Entraîne mon esprit et mon cœur

Dans des pensées qui vont vous déplaire ;

Mon âme s’abîme de rancœur.

Ô vieillesse

Par la fenêtre de la vieillesse,

J’aperçois mes années printanières

Qui dans un tourbillon de joliesse

Me saluent de brillante manière.

Le tourbillon de la mort m’entraîne.

Avec le trépas, je dois descendre.

Autour de moi, les années s’égrènent

La vieillesse me joue les Cassandre

Aux confins du trépas

Dans le tourbillon de l’angoisse,

La noire inconnue m’engloutit.

Je virevolte dans le néant,

Damné par l’hydre des ténèbres.

Je tournique dans l’ombre infernale,

Dans le tourbillon de la mort.

Aucune main ne me sauve,

Aucune parole ne me délivre

Du tourbillon d’un diabolique silence.

Dans le tourbillon des souvenirs,

Mon âme soudainement surgit ;

Leur mémoire va me retenir ;

Ils gravent sur mes années : ci-gît.

Le tourbillon de la création

Un jour Dieu a tourbillonné d’ennui.

Il s’est agité dans la profonde nuit

Et s’est morcelé en d’infinis tourbillons

Qui tournent autour de l’éternel sillon,

Celui que Dieu creuse continuellement

Dans le labyrinthe de son entendement.

David Frenkel

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Je me suis un jour juré de faire cohabiter sur une feuille blanche le verbe et son sujet. Le sujet se rebiffe souvent lorsque le verbe brasse du vent. Vers l’âge de cinquante-six ans, ma plume trépigna d’impatience, elle désirait voir si les deux, après entente et plus, enfanteraient en direct et en toutes circonstances un complément. Je la pris par la main et la promenai le long de mes pages, et en rebroussant souvent chemin. Le front en sueur, elle aperçut après des heures de marche le nouveau-né, la prose d’un écrivain que la vie avait malmené.

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