Conte à Constantine – Alain Salvador

Joyau blanc juché sur son plateau, coupée en deux par une profonde gorge où coule Le Rhummel, Constantine , ville du vieux rocher, va bientôt rejoindre les mystères de ses nuits tandis que le minaret de la grande mosquée au Soleil couchant étire son ombre.

Telle une lanterne suspendue dans les cieux, la Lune commence sa lente montée sous la voûte céleste et déjà Vénus scintille, attendant que des millions d’étoiles apparaissent dans la nuit chaude du printemps algérien.

C’est à cette heure entre chien et loup que débutera le conte de cette région du Maghreb…

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Dans une des grottes se situant aux portes de la ville, à l’heure où les premières chauves-souris prennent leur envol nocturne, deux sorcières commencent à préparer la potion maléfique qu’elles répandront pendant la nuit sur tout ce qui pousse à travers la cité et dans les champs environnants.

Elles voudraient empoisonner tous les habitants pour faire de cette ville dominant la plaine un haut lieu de la sorcellerie. Les citadins qui ne dorment pas peuvent voir passer devant la pleine Lune, à cheval sur leur balai, cheveux au vent dépassant de leur haut chapeau pointu, ces harpies suivies par une nuée de corbeaux de mauvais augure.

Les Anges de la Terre, protecteurs de toutes les âmes de cette Afrique du Nord, doivent lutter sans repos ni répit contre ces semeuses de malheur afin que ce funeste dessein n’aboutisse jamais.

Dès la fin de la dernière prière du jour, après que le muezzin soit descendu du minaret, les Anges scrutent les alentours, prêts à en découdre avec ces maudites sorcières. Lorsqu’elles apparaissent alors débute une violente bataille aérienne, nos guerriers ailés tournoyant et virevoltant autour de ces cavalières des enfers afin de les désarçonner de leur balai vermoulu.

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Le bien finissait toujours par triompher du mal et lorsque ces horribles mégères s’écrasaient sur le sol, leurs flacons se brisaient et depuis à ces endroits plus rien n’a jamais repoussé.

Les sorcières ne mourraient jamais, leurs vieux os étaient bien trop solides. Quelquefois on croit en voir voler les soirs de pleine Lune, à moins qu’à notre époque ce ne soient que des avions…

A.S.

 

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Alain Salvador

Alain Salvador (387)

Je suis né en 1956, et ai toujours eu le goût pour l’écriture.
Cependant je n’ai fait aucunes études , ni de lettres ou autre chose de bien gratifiant.
Je n’ai qu’un CAP de mécanique en poche et ma vie passée en usine , ma famille avec mes trois enfants, font que depuis ma retraite, j’ai repris du temps pour me consacrer aux mots.
On pourrait dire de moi que je suis plutôt un autodidacte.
Les quelques personnes à qui je fais lire mes textes me disent que j’ai une facilité d’écriture.
A ceux-là je leur réponds: ”ce n’est pas toujours aussi facile qu’il y paraît… ” Et pour l’orthographe, et bien je révise les règles…Il n’est jamais trop tard si l’on veut entreprendre quelque chose dans sa vie.

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6 Commentaires
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Guy André Talon
Membre
22 novembre 2021 17 h 15 min

Votre conte me plaît. De la grande crevasse de Constantine ne peuvent surgir en effet que des sorcières, des djinns ou des démons… N’avez-vous jamais pensé à écrire d’autres contes d’Algérie tels que (au hasard) “Conte de la Casbah”, “Conte du Ruisseau des Singes”, etc. ?

Martyne Dubau
Membre
13 novembre 2021 15 h 33 min

les anges gardiens sont vigilants et de grands papillons sont leurs aides ils volent un peu partout et avertissent les anges à la moindre anomalie !
merci pour ce conte bien conté en des mots choisis !

Colette Guinard
Membre
13 novembre 2021 10 h 02 min

Les anges sont là protecteurs,Constantine n’a rien à craindre des sorcières!