Au tour des vautours autour… – Christian Satgé

Petite fable affable
 

Le chaos est avalé par l’avalanche.
Eole , sa cape soulevant,
Fait chanter haut la complainte blanche
D’un hiver froid comme ceux d’avant.

Les vautours n’ayant plus de charogne
À se mettre sous serres et bec
Conciliabulaient entre rogne
Et dépit : « Nous prend-t-on pour des pec’ ?!
On nous nourrit et on nous protège
Et, ayant retrouvé de l’embonpoint
Et de la descendance en cortège,
On nous affame !… Fermons les poings,
Frères, et allons rapacer et sur l’heure
En piémont et en sa demeure
Quérir les cadavres qu’à offrir
L’Homme, hélas, désormais répugne ! »

En horde qui ne saurait tarir,
Ces barbares ailés firent bugnes
D’une pauvre vache qui vêlait
Au pré. Hors saison. Là. Laissée seule.
Ce fut orgie et carnage. Fort laid.
Ça émut même les grandes gueules.
Mais le prédateur était protégé.
La Loi est loi. La Nature nature.
On dut faire son deuil, fustiger
L’instinct animal et les pâtures
Surveiller. Mais les bêtes revinrent…
Et à étancher leur faim parvinrent.

À laisser croître là un serpent,
Il finit par mordre au delà des terres
Siennes, et très vite à nos dépens
On l’apprend n’ayant plus qu’à nous taire.

 
© Christian Satgé – février 2018

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Anne Cailloux
Membre
11 mars 2018 19 h 49 min

Mince, ce n’est pas combien de marin combien de capitaine, mais combien de serpent combien de vautour….
encore une vérité mais celle là pique s’il on peut dire..
Bravo Christian..
Amitié
Anne.