Tout le monde se lève,
Le générique passe sur l’écran,
Les fauteuils en se rabattant
Émettent des grincements
Qui ressemblent à des plaintes.
Moi je reste là assise,
Les jambes croisées, bien calée,
Je regarde le générique qui défile sur l’écran.
La salle se vide :
J’aime à la voir se décharger
De tous ces gens qui peut-être
Ne se souviendront même pas
Du film qu’il ont vu.
C’était quoi le titre,
Ça parlait de quoi…
Moi je reste là assise
Je regarde le générique
Défiler sur l’écran.
Pour partir j’attends que la salle
Soit complètement vide,
Que tout le monde soit déjà dehors.
Quand la bande son atteint son terme,
Je me lève lentement
En retenant le gémissement du fauteuil,
Je déambule sans bruit dans le noir,
Entre les fauteuils désormais vides.
Je respire l’atmosphère
Du cinéma, je l’observe,
Je pense à tous les films
Que les murs ont vu
Défiler sur cette grande plaque
Blanche légèrement jaunie,
Et je sors sous l’œil amusé du gardien,
Lui me comprend.
Il sent comme moi que
Le cinéma a une âme, un esprit,
Il sait qu’une salle n’est jamais vide,
Il reste toujours dans l’atmosphère
Quelque chose du public,
De ces gens qui ont aimé, adoré, détesté.
Et comme moi quand il rentre dedans
Quand tout le monde y est sorti,
Il ressent une drôle d’impression,
Un sentiment de bien-être
Dans ce silence un peu lourd
D’une après séance…
J’entendais la voix d’Eddy sur ta super dernière séance; Et le rideau sur le poème est tombé.