Lettre d’un migrant clandestin à sa mère. Slimane Lagra

Pardonne-moi ma mère

Si j’ai dû prendre la mer    

Sous l’effet de la colère

Sans penser à mes frères

 

J’étais poussé à le faire

À cause de toutes ces misères

C’est dur d’être sans salaire

Et sous la charge du père

 

J’ai perdu mon honneur

C’était une vie sans douceur

Ne voyant aucune lueur

J’ai pris ma décision sans peur

 

A quarante ans je suis célibataire

Dois-je l’être sans le vouloir?

Déjà bien âgé où est l’espoir

Le bout du tunnel est encore noir

 

Que les requins déchirent ma chair

Que les vagues rejettent mon cadavre amer

Que les prisons me fassent taire

C’est une aventure austère

 

J’ai pris ce défi, je gagne ou je perds

Tant de compagnons ont rejoint le cimetière

Certains ont disparu ou vivent la misère

Et d’autres sont enfermés en prisons côtières  

  

Oh…mon Dieu, quel calvaire

Je n’ai jamais connu la paix…mais la guerre

Ayez pitié… j’ai trop souffert

Où est ma jeunesse, c’est une vie de galère.

 

À la mémoire des migrants clandestins noyés en mer, disparus ou enfermés dans les prisons d’outre-mer.

   NB : Je n’incite personne à choisir ce chemin dramatique et cruel…Tant de jeunes hommes et femmes et parfois même d’enfants ont laissé leur vie dans cette aventure périlleuse. C’est douloureux de faire souffrir les familles et particulièrement les mères.

 Un jour le soleil se lèvera car la nuit n’a jamais été éternelle.     Slimane LAGRA, le 30-01-2020

 

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Slimane Lagra

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Slimane LAGRA est né à Oued Athménia dans la wilaya de Mila en Algérie.
Ingénieur superviseur en hygiène, sécurité et environnement (H.S.E) et ayant occupé le poste de cadre dans différentes entreprises publiques et de professeur-formateur dans une école privée, il exerce actuellement au sein d'un bureau d'étude italien au nom de BCS/ANAS.
Il est l’auteur de quelques ouvrages scientifiques ainsi que d'un recueil de poésie engagée.

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