Les temps morts de jeunesse… – Philippe Dutailly

Plus je te regarde, plus je te trouve belle
D’une beauté savante de femme qui connaît
Le pouvoir de ses formes, les effets de ses grâces.

Je laisse mon regard zoomer ce souvenir
Dans une pellicule, pleine de positif,
Que je développerai, en des temps négatifs,
Lorsque mes yeux vitreux ne verront plus que moi
Ou bien si peu du monde qui fera le dehors
Quand mon excès de vie me fera mal au corps
Et qu’il m’interdira jusqu’aux rêves puissants.

La sève ne monte plus à nos derniers printemps
Quand vient cette vieillesse que l’on ne chante pas !
Le miroir montrera des masques défraîchis
Et d’anciennes photos dépeindront ce gâchis
“ Quoi ! Cette vieille flétrie fut cette demoiselle ? ”
Et on ne verra plus que l’image de la belle..
Mais nous qu’aurons nous fait de nos heures abondantes
Si ce n’est nous sculpter des rides désolantes ?

Tu seras, à mes yeux, un peu de mon histoire.
Je serai, à tes yeux, un peu de ta mémoire.

Aurais-je, toujours en moi, l’envie de t’enlacer
Malgré tes cheveux blancs et ta face plissée ?
Tu prendras mes avances, peut-être à reculons.
En pensant à mon cœur, quelle sotte dérision !
Aurais-je encore l’influx pour être présentable
Ou bien l’âge trop long aura éteint ma flamme
Et mes mains décharnées ne soupèseront plus
Tes deux seins déformés qui ne m’attendront plus.
Nos pulsions seront-elles toujours dévorantes
Ou alors la télé comblera nos attentes

Aussi, ma femme, tant que je suis robuste,
Que ta jeune silhouette force encore l’harmonie,
Ne laissons pas mourir les instants superflus,
Les temps morts de jeunesse sont vite temps perdus !
Et comme l’écureuil qui, tout l’été durant,
Amasse des noisettes en vue du grand hiver,
Faisons l’acte d’amour dès le moindre désir,
Nous nous en souviendrons comme le fruit du plaisir…..

© Dutailly Philippe

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Philippe DUTAILLY

Philippe DUTAILLY (89)

Tombé amoureux de "L'albatros" de Charles Baudelaire, poème appris lorsque j'étais 'écolier et nourri au hasard de Victor Hugo, Georges Brassens, Léo Ferré, Lamartine et beaucoup d'autres, j'ai commencé à faire rimer les mots vers l'âge de 18 ans. D'abord très inspiré par Brassens, j'ai pris, au fil du temps, mon autonomie pour en venir à des textes plus intimes qui, pour certains, servirent d'exutoire à des émotions mal vécues.

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Anne Cailloux
Membre
4 janvier 2024 20 h 03 min

Magnifique mots d’amour..
On ne peux pas être et avoir été.
Oui mais il reste l’essentiel.

Brahim Boumedien
Membre
1 janvier 2024 14 h 12 min

Bravo ! Philippe, pour ce poème que j’aime : un poème magnifique ! Bonne année !

Plume de Poète
Administrateur
1 janvier 2024 12 h 53 min

Merci pour vos partages poétiques que nous apprécions tous et très belle année Philippe.
Alain