La jeunesse dans la tête – Alain Salvador

Votre corps, Madame, a l’âge de vos artères et doit bien souvent vous le rappeler au cas où vous l’oublieriez. Mais la flamme qui brille dans vos yeux quand vous évoquez votre jeunesse passée et préparez votre avenir vous ramène à votre adolescence, alors le poids des années qui vous pèsent et vous oppressent n’a plus d’emprise sur vous. Il ne peut lutter et vous laisse tranquille pour ces instants, dompté, résigné et respectueux.

De votre fauteuil roulant au lit ou votre banquette, dans ce siège qui vous porte inlassablement  entre ses bras comme le ferait un amant, vous ne vous en séparerez plus, il es t désormais votre copain le plus fidèle. Vous lui parlez souvent pour que votre voix ne s’éteigne pas, prisonnière de vos quatre murs où sont accrochés quelques tableaux, ceux que vous peigniez il n’y a pas si longtemps encore.

De vos sculptures il ne vous en reste qu’une, rafistolée, car la petite chatte  qui vient vous visiter l’a brisée. Et comme pour se faire pardonner elle vient se blottir tout contre vous. Oh, elle peut encore en briser des objets, pourvu qu’elle ne vous quitte jamais.

On vous sort, une fois par semaine, quand la météo est favorable, pour une balade au bord de l’Ardèche, et vos poumons se remplissent des senteurs de la Haute Provence.

Vos enfants, vos petits-enfants et même vos arrière-petits-enfants viennent vous visiter, pas assez souvent pour vous, et ne restent pas assez longtemps. Bien sûr la solitude est toujours plus lourde à supporter dès leur départ, et certainement quelques larmes coulent sur vos joues malgré vous.

Votre mari, Madame, lui aussi est dans un fauteuil qui lui permet de se déplacer, tout comme vous. Mais il ne peut vivre avec vous, le destin l’a sévèrement frappé, lui aussi.

En vous cette force de caractère, celle qui depuis votre naissance vous fait aller de l’avant, ne fait ne jamais vous démoraliser, est toujours aussi forte, n’a jamais cédé un pouce de terrain contre l’ennemi, ce désespoir qui entraîne tant de monde tout au fond des abysses, dans une mort prématurée.

Tous les jours vous vous faites belle, comme si vous étiez invitée à un gala. Et jamais vous n’oubliez de parer votre cou d’un collier de perles. Votre humour , vos rires embellissent ma vie.

Madame, je ne vous ai jamais rencontré autrement que par vos écrits et votre voix. Vous prendrai-je un jour vos mains dans les miennes, vous ferai-je un vrai baiser sur le front, vous offrirai-je une rose, non virtuelle celle-ci ? Nul ne le sait, ni vous ni moi. Vous êtes en âge d’être aussi bien ma jeune mère que ma sœur aînée, mais vous êtes beaucoup plus que ça, vous êtes mon âme sœur et mon Amie.

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Alain Salvador

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Je suis né en 1956, et ai toujours eu le goût pour l’écriture.
Cependant je n’ai fait aucunes études , ni de lettres ou autre chose de bien gratifiant.
Je n’ai qu’un CAP de mécanique en poche et ma vie passée en usine , ma famille avec mes trois enfants, font que depuis ma retraite, j’ai repris du temps pour me consacrer aux mots.
On pourrait dire de moi que je suis plutôt un autodidacte.
Les quelques personnes à qui je fais lire mes textes me disent que j’ai une facilité d’écriture.
A ceux-là je leur réponds: ”ce n’est pas toujours aussi facile qu’il y paraît… ” Et pour l’orthographe, et bien je révise les règles…Il n’est jamais trop tard si l’on veut entreprendre quelque chose dans sa vie.

23 réflexions au sujet de “La jeunesse dans la tête – Alain Salvador”

  1. Heureuse d’avoir pu voter pour cet article, moi-aussi.
    Un magnifique texte, un…”pacte de sincérigé”, on aurait dit.
    C’est de l’autre qu’on parle, mais de soi aussi car son cœur y est avec abnégation présent. Un pacte d’amitié vraie.
    On est, on ne peut plus, plongés dans le récit poignant et émouvant
    d’épisodes de la vie d’une Personne Unique, d’un Joyau, d’un Collier, d’une Parrure, d’une Pierre, que j’aspire dans le miroir de ces textes.

    Quant à vous, quelle belle plume ! De quel beau cœur pour un beau sens de l’amitié dans la transparence, vous êtes doté. Merci, Alain. Bravo, sur des lignes de pages entières !

  2. Très émouvant Alain.
    Je vous souhaite un jour grâce à « l’espoir »que votre rencontre aie lieu et que vous puissiez enfin concrétiser cette merveilleuse amitié née par la magie des mots.
    Merci pour ce joli partage et à bientôt cher Alain.

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