Sous le bleu azur du ciel infini,
La mer étale son grand manteau verdâtre.
Son flux et son reflux en va et vient lascif
Bercent les galets d’une langueur lancinante.
Là-haut, l’albatros passe, nonchalant.
Le battement de ses ailes démesurées
Mêlé à ses cris rauques font entendre
La rythmique pathétique de la mer.
Debout au sommet d’une falaise
Le cœur béant, contemplatif
J’insère mes songes atrabilaires,
Au chant immuable des vagues.
Cette mélopée, harcelante, mélancolique
C’est celle de mon cœur, de mon âme.
Je suis aspiré, soudain, au-delà du réel.
Des sirènes, nues, aux écailles arc en ciel,
Auréolées d’écume et irisées de soleil
A la nageoire scintillante de petits sémaphores
M’invitent en me tendant les mains.
J’avance, ébloui par leurs beautés sublimes,
Fasciné par leurs chants mélodieux.
De subtils parfums s’exondent en fragrance
Elles m’ouvrent, béantes, les portes d’un paradis.
Mais à peine jouissais-je du bonheur immédiat
Que l’azur passe au violent anthracite
Le vent enfle et soudain se déchaîne
Il va tempêtant et tornade mes rêves.
Les belles fées de l’amour, subitement furies,
Surfent au faîte d’un tsunami hostile
Qui submerge mes songes et me plaque au réel.
Je hurle en maudissant ce ciel ténébreux
Qui mazoute mon monde limpide et merveilleux
Par son présent nauséabond, visqueux.
Une larme perle sur mon visage meurtri
D’adolescent presque du troisième âge.
Dans le gris pisseux du ciel fadasse
Le bel albatros a déserté l’espace…
Debout au sommet d’une falaise
J’entends toujours le chant d’une sirène
Mais ce n’est que la corne de brume…
© Philippe Dutailly
Quel bel hommage à l’Albatros ! Plein de grâce.. L.