Le seigneur solitaire – Adrien Benoir

 

Le seigneur solitaire

 

Quand je te vois pâlir sous ton air endormi,

Et que succombe  le  morne regard de l’aube,

Secoue le manteau gris qui pèse sur ton dos,

Et cesse ta hargne tel un torrent qui gronde !

 

La tristesse des jours et sa terne mémoire,

Lancent  leur  emprise qui traverse ton être,

Alors prends ton cœur à  témoin en levant la tête,

Pour enfin supplier  l’horizon qui flamboie.

 

Pareil à ton ombre par l’inconnu suivie,

Comprends-tu l’absurde quand soupire ton  cri ?

Fixe le voile noir du silence des autres,

Et retient ta peine pour méditer la vie.

 

Je t’ai vu  trembloter jusqu’à  mordre tes lèvres,

Afin de  contenir tes larmes angoissantes,

Qui viennent  envahir et  noyer ton visage,

Qu’un geste de ta manche va sécher au passage.

 

Regarde dans le ciel  un   sillon lumineux,

Il va dans le lointain en traversant la  nuit,

C’est pour joindre le néant au matin qui nait,

D’où fuse  le halo de l’aurore qui luit.

 

Je te vois hésiter seul au milieu du gué,

Avec tes gestes lents  qui parlent sans gémir,

Éloigne ton corps las de la fuite du temps,

Pour l’amour qui revit au mépris des tempêtes.

 

Quand te sourient  les passants auxquels tu manquais,

Souviens-toi des  saluts  à tes calmes passages,

N’écoute plus le sifflement  des corbeaux laids,

Qui  pour plaire esquissent des gestes   burlesques.

 

Tu fus cet  aigle fier un  seigneur solitaire,

Avec ton œil perçant qui balayait l’azur,

Où tu volais planant  les ailes étendues,

Que la douceur d’un flux  élève jusqu’à l’ivresse.

 

  A toi qui ne sais pas la souffrance des autres.

 

© Adrien Benoir – 21/12/2017

 

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6 réflexions au sujet de “Le seigneur solitaire – Adrien Benoir”

  1. Superbe et émouvant poème, j’adore ces deux derniers quatrains:

    Quand te sourient les passants auxquels tu manquais,
    Souviens-toi des saluts à tes calmes passages,
    N’écoute plus le sifflement des corbeaux laids,
    Qui pour plaire esquissent des gestes burlesques.

    Tu fus cet aigle fier un seigneur solitaire,
    Avec ton œil perçant qui balayait l’azur,
    Où tu volais planant les ailes étendues,
    Que la douceur d’un flux élève jusqu’à l’ivresse.

    Mes amitiés
    Fattoum.

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