Santorin – Anne Cailloux

Dans cette indolence d’été, mon esprit vagabonde au-delà de cet horizon, dans la divine chapelle des temps anciens, entraîné par quelques dieux en manque d’éternité…

L’instant s’est arrêté, le sable file entre mes doigts, tel un sablier qui va remonter l’espace et le temps. Chronos m’accompagne vers ces îles où sont nées les dieux, dans un instant éphémère qui va devenir éternel dans ma mémoire.

Thira ce dresse devant moi, mythique, mystique, celle qui fut surnommée l’Atlantide, renaît devant mes yeux. Poséidon, le fils de Chronos m’accompagne repoussant l’écume de la grève, s’amusant à faire danser les vagues pour me plaire, me promettant de revenir m’aimer dans 2000 ans. Mes courbes ondoient sous la bise que me fait Éole et leurs ondes deviennent troublantes, tout comme ce lieu.

Dans des clairs-obscurs, des ombres se dessinent, et dans un hymne à la luminosité, naît Santorin. Les bâtisseurs ont exaucé le vœu du Corbusier 1500 avant JC.

Une taverne à l’enseigne de Zeus se dresse, une musique à la zorba le grec retentit, présent et passée se mêlent à jamais. l’île de Thira, du haut de ses falaises à pic, fait le guet, seul rappel du danger, les terrasses qui plongent dans le vide, vers la mer d’encre. Le roi Égée y dictera sa fin la plus tragique.

Bravant les séismes et les cratères, Santorin ensoleille le cœur des hommes dans une insouciance qui désespéré le diable. Sur la plage, une naïade danse, ses gestes appellent tous les dieux et tous les hommes, Poséidon est captivé, il retiendra son nom «Amphitrite » Elle, ne retiendra que ses colères terribles, et préférera se sauver à jamais.

Éros s’approche de moi, me dit que mes courbes ont les formes arrondies des maisons de Thira, que certainement, les bâtisseurs se sont inspirés de mon corps. Il me murmure que je vais offrir mes formes pour les potiers, qui sculpteront mes courbes pour en faire des amphores, qui offriront aux dieux. Il me promet un homme ici ou ailleurs, dans ce temps ou dans un autre tant.

Le dieu de l’amour me rebaptise Galatée et me narre une légende ou un sculpteur du nom de Pygmalion me donnera vie. Sous ces latitudes et dans ce pays aux multiples dieux, tout le monde vous dira, que tout est possible.

Je n’écoute ce Dieu que d’une oreille, je cherche ce que mon âme me demande, je cherche ce battement incontrôlable de mon cœur en ébullition qui s’affole, de mes sens qui se perdent. Son absence laisse des blessures à mon corps et à mon épiderme. Son oxygène n’a plus le même air, il manque la clé de sol, la note qui fera une symphonie parfaite. Mes frissons le cherchent et sans lui, mes soupirs rendent l’âme et mes yeux tirent des larmes automatiques.

Une voix résonne, Dionysos m’invite à sa table. On y déguste le vin réputé de l’île, dont un verre est volontiers offert au promeneur et aux nouveaux habitants. J’ai la sensation d’avoir vécu ici, des milliers d’années. Le calice est d’argent et la parole de ce Dieu est d’or, assurément.

Un homme ou un dieu me regarde, je ne sais pas, mais mon cœur lui le sait, il s’affole, le monde s’est arrêté et le temps également pour la deuxième fois.. Mes sens se remettent en marche, mon souffle s’accélère dans une symphonie parfaite. Je reçois une décharge envoyée par Zeus lui-même, je soupire de plaisir.

Chronos et de nouveau à mes côtés, il m’invite à boire pour ne pas offusquer le dieu du vin. Je me délecte dans ce Graal baptisé par Dionysos lui-même.

Ma vue se trouble, j’entends un murmure à mon oreille qui me promet de m’offrir cet homme dans toutes les vies que j’aurais et qu’il est temps de revenir à mon destin futur.

Les maisons toutes de bleus vêtus disparaissent, Dionysos lève son verre une dernière fois, Santorin va disparaître une seconde fois. Telle une mosaïque le temps se fige puis disparaît en des arabesques de couleurs psychédéliques.

J’ouvre les yeux, les derniers grains de sable se faufilent entre mes doigts. Saint-Malo se dresse au loin, plus fier que jamais.

Mes sentiments sont partagés entre plaisir et tristesse….

La Renard, ce cotre corsaire m’attend pour naviguer entre deux eaux et peut-être, ce capitaine de vaisseaux aussi…

Le soir venue, je découvrirai des taches de vin sur mon corsage…..

Il y a des rêves inexpliqués et des réveils inexplicables.

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Anne Cailloux

Anne Cailloux (347)

Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

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