Quelques épisodes de ma vie. (14ème partie) – Odile Stonham

Quand j’étais petite fille et que j’avais des couettes, je considérais la Lune comme une amie. Ne me demandez pas pourquoi, je ne saurai pas vous répondre. Peut-être était-ce dû au fait que je me sentais rassurée de la voir quand ma famille et moi partions en voiture pour aller en vacances ou une autre destination et que nous roulions de nuit.

Je me revois assise à l’arrière avec mon frère aîné et ma petite soeur. A l’avant se tenaient mes parents. Seul mon père conduisait car à l’époque ma mère n’avait pas le permis.

Le ronronnement régulier du moteur suffisait à m’endormir et une fois bien calée dans mon coin, je fermais alors les yeux après m’être assurée que la Lune était bien présente dans le ciel nocturne.

De toutes ses phases, je préférais de loin quand elle était pleine. Avec mon imagination d’enfant, il me semblait voir qu’elle avait la forme d’un visage bienveillant et que notre voyage allait bien se passer.

J’avais neuf ans quand avec le monde entier j’ai assisté en direct au premier pas d’un homme sur notre lointain satellite.

A cause du décalage horaire et aussi parce que j’avais école le lendemain, je ne pouvais pas voir tout ce qu’il se passait là-haut.

Je me rattrapais, si je peux m’exprimer ainsi, en regardant les informations avec mes parents et mon frère. Ma petite soeur, trop jeune, était déjà couchée.

A l’époque, il n’y avait pas la couleur et c’est en noir et blanc que j’ai suivi à la télévision les exploits de ces hommes car cela en était vraiment un, même si de nos jours certains disent que c’était un canular.

Je me souviens qu’un soir je devais aller au lit et que je reculais cet instant pour la simple et bonne raison que regardais l’amie de mon enfance de ma fenêtre ouverte. J’étais en plein rêve quand j’ai entendu la voix de mon père à côté de moi car il m’avait rejoint entre temps.

Ce qu’il m’a dit cette fameuse nuit, je l’ai encore dans la mémoire : “Tu cherches le drapeau ? ” Papa faisait naturellement allusion à ce dernier qui avait été planté sur le sol lunaire.

Je ne sais plus ce que j’ai répondu mais je me rappelle que nous sommes restés alors tous les deux, sans rien dire, dans le silence de cette nuit d’été 1969.

Pendant cet instant magique, plus rien n’existait autour de nous sauf cette merveilleuse balle ronde et jaune qui nous semblait très proche alors qu’elle était à des milliers de kilomètres.

Aujourd’hui, en 2024, la Lune est toujours là et de mon côté même si je n’ai plus de couettes, je me sens bien quand je l’aperçois. Je ne peux toujours pas me l’expliquer comme le fait de toujours la considérer comme une amie.

Je rêve un jour de la présenter à mes deux petits-fils, de leur parler d’elle, de mes souvenirs évoqués plus haut. Elle fait, elle fera toujours partie de mon décor familier jusqu’à la fin et peut-être sera t-elle là pour m’accompagner vers ce pays lointain où je retrouverai, je ne sais pas quand, des êtres et des animaux aimés ici-bas et qui me manquent tellement.

 

Texte écrit par Odile Stonham @ Tous droits réservés.

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Odile Stonham

Odile Stonham (193)

Bonjour,
Je m'appelle Odile et j'ai soixante-et-un ans. Je vis en Normandie, particulièrement dans le Calvados. Je suis mariée et j'ai deux grands enfants dont l'un m'a donné la joie d'être grand-mère de deux petits bonshommes : Ethan et Alexander.
J'ai commencé à écrire des poèmes à l'âge de seize ans et cela m'a beaucoup plu. Puis, petit à petit, j'ai continué à en faire. Etant sentimentale de nature, cela y a peut-être contribué. je ne sais pas. Mes sujets sont variés. Je les prends comme ils me viennent.

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