Quand j’étais jeune – Jean-Marie Audrain

 

Quand j’étais jeune j’avais les pattes

Cheveux pendants sur le plastron

Le cuir velu comme un primate

Et la barbe autour du menton.

 

Mais à présent plus de mystère

Ma crinière a chu sans regret

Mon derme s’expose au grand air;

je suis plus pelé qu’un galet.

 

Comme c’est étrange!

Comme les ans changent

Un homme en deux ou trois saisons.

D’où cette demande depuis mon enfance:

“Ne suis-je rien d’autre qu’un nom?”

 

Quand j’étais jeune j’avais la classe

Je déambulais dignement.

Tous me lorgnaient où que je passe

Dans mon apparat d’élégant.

 

Mais à présent plus d’artifice

Je fais l’attraction générale

Pour les quolibets ,les malices ;

Je suis guenilleux et bancal.

 

Comme c’est étrange!

Comme les ans changent

Un homme en deux ou trois saisons.

D’où cette demande depuis mon enfance:

“Ne suis-je rien d’autre qu’un nom?”

 

Quand j’étais jeune j’avais la forme

J’arpentais les parcs au galop.

D’une élasticité sans norme

Je bondissais comme un chevreau.

 

Mais à présent plus d’escapade

Par égard pour mes pauvres os;

Ventre à terre mais toujours en rade

Je suis le roi des escargots.

 

Comme c’est étrange!

Comme les ans changent

Un homme en deux ou trois saisons.

D’où cette demande depuis mon enfance:

“Ne suis-je rien d’autre qu’un nom?”

 

Quand j’étais jeune j’avais l’aubaine

Avec ma bande d’amis de choix.

Jamais seul et jamais en peine

Pourvu qu’ensemble l’on festoie.

 

Mais à présent plus d’allégresse

La compagnie m’a fait faux bond.

Ruminant sans cesse ma jeunesse

Je suis un bien triste luron.

 

Comme c’est étrange!

Comme les ans changent

Un homme en deux ou trois saisons.

D’où cette demande depuis mon enfance:

“Ne suis-je rien d’autre qu’un nom?”

 

A écouter ici en chanson :

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Jean-Marie Audrain

Jean-Marie Audrain (697)

Né d'un père photographe et musicien et d'une mère poètesse, Jean-Marie Audrain s'est mis à écrire des poèmes et des chansons dès qu'il sut aligner 3 mots sur un buvard puis trois accords sur un instrument (piano ou guitare). À 8 ans, il rentre au Conservatoire pour étoffer sa formation musicale.
Après un bac littéraire, Jean-Marie suit un double cursus de musicologie et de philosophie à la Sorbonne.
Il se met à écrire, dès cette époque, des textes qui lui valurent la réputation d’un homme doublement spirituel passant allègrement d’un genre humoristique à un genre mystique. D’ailleurs, il reçut de la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France) un grand diplôme d’honneur en ces deux catégories.
Dans ses sources d’inspiration, on pourrait citer La Fontaine, Brassens et Devos.
Lors de la naissance du net, il se prit à aimer relever les défis avec le site Fulgures : il s’agissait de créer et publier au quotidien un texte sur un thème imposé, extrêmement limité en nombre de caractères. Par la suite il participa à quelques concours, souvent internationaux, et fut élu Grand Auteur par les plumes du site WorldWordWoo ! .
Il aime également tous les partenariats, composant des musiques sur des textes d’amis ou des paroles sur des musiques orphelines. Ses œuvres se déclinent sur une douzaine de blogs répartis par thème : poésie, philosophie, humour, spiritualité…sans oublier les Ebulitions de Jeanmarime (son nom de plume). Un autre pseudo donna le nom à son blog de poésies illustrées : http://jm-petit-prince.over-blog.com/
Pendant longtemps il a refusé de graver des CD et d’imprimer ses œuvres sur papier, étant un adepte du principe d’impermanence et méfiant envers tout ce qui est commercial. Malgré tout il vient d'autoéditer le florilège de toute en vie et dans tous les syles : https://www.amazon.fr/Petit-Prince-Mots-dit/dp/B0BFVZGNYM et d'écrire des chansons pour 3 CD d'Ophélie Morival (puis pour d'autres voix amies) : https://www.youtube.com/watch?v=Q0bvWkljrlw.
Si vous ne retenez qu’une chose de lui, c’est que c’est une âme partageuse et disponible.

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12 Commentaires
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Brahim Boumedien
Membre
25 avril 2025 12 h 42 min

“Si jeunesse savait ; si vieillesse pouvait” ! Merci pour ce partage agréable à tout âge !

Jones cyrielle
Invité
Jones cyrielle
25 avril 2025 11 h 12 min

Très beau poème sur le temps qui passe sur le corps… Tant quel’esprit est vif! La jeunesse s’est fait la malle et la nostalgie en temoingne. Beau vendredi à toi. 👍

Dominique DAVID
Invité
Dominique DAVID
25 avril 2025 11 h 01 min

Magnifique chanson de la vie qui se modifie pour chacun au fil des ages
Bon début de weekend Jean Marie Bisous Domi

Chausson Maud
Invité
Chausson Maud
25 avril 2025 10 h 45 min

Et oui quand j’étais jeune je pouvais me permettre toutes les folies ! Mais maintenant à l’aube de la vieillesse les choses ont helas changées.

Claudine Bazoge
Membre
5 février 2017 0 h 52 min

Sur ce site, un poème nommé « Quand j’étais jeune » m’a invité à lui répondre. Le jeu est plaisant.

Claudine Bazoge
Membre
2 février 2017 2 h 35 min

… L’esprit demeure adolescent, vert,
Le tronc se meurt au moment expert…

Quand j’étais jeune je n’avais rien à dire, comme c’est étrange !