Quand j’étais enfant… j’avais peur… – Lucienne Maville-Anku

Quand j’étais enfant… j’avais peur.

J’avais peur des guêpes. J’avais si peur des guêpes…J’avais peur de ces guêpes rouges à longues pattes qui souvent faisaient irruption à l’intérieur de la maison. Et sous la véranda. Notre véranda. Peut-être pour chercher un lieu où suspendre et tisser leur nid, et se sentir chez elles. Chez nous. Chez ma grand-mère. J’étais enfant.
Et le nid des guêpes rouges…rouge-brique qui atteignent parfois autour de quinze centimètres et regroupe une bonne vingtaine de guêpes, m’effrayait tant.  J’étais enfant. Et j’en avais vu un un jour accroché à un petit pédoncule sous l’avancée du toit, chez Maman, et plusieurs dans un des tamariniers dans les branches duquel on, mon petit frère, des voisins et moi aimions à lancer des pierres et des morceaux de bois pour en faire tomber les fruits même si ceux-ci, une variété de tamarins très acides, nous glaçaient les dents, nous laissant cette sensation désagréable qui faisait tressaillir rien qu’en y songeant.

Mais malheureusement, on faisait aussi, et très souvent, tomber les fruits encore verts, ce qui déplaisait et irritait le propriétaire du terrain qui nous reprenait sévèrement. Cela ne nous empêchait pourtant pas de recommencer. On était enfants. Et on était têtus.
Et parfois, quand, avec beaucoup de précaution, on avait grimpé à l’arbre et que tout à coup on apercevait un nid de guêpes, vite on dégringolait… Très vite. Bien plus vite qu’à la vitesse de la lumière… et au risque de nous faire mal. Et on s’égratignait bien sûr. Mais une petite égratignure, ce n’était rien à côté d’une piqure de guêpe.
Qui aurait voulu se faire piquer…et piquer encore une fois par ces longues pattes jaunes si agressives que quand elles vous piquent, elles vous piquent plusieurs fois à la fois… J’étais enfant… Mais c’est vrai que parfois, il faut dire, c’est nous qui les attaquions et les provoquions en les “choquant” avec une petite barre de fer ou un clou ou un morceau de bois, n’importe quoi que l’on pouvait trouver. Et nous nous nous esquivions à toutes jambes et nous cachions derrière des arbres, ou derrière des voitures, ou derrière une maison…. Mais elles ont si bonne mémoire ces guêpes qu’elles se souvenaient de nous et rancunières nous tenaient rancune.
Et des qu’elles nous avaient reconnus, tout excitées, elles nous poursuivaient, jusqu’a l’intérieur de notre retraite. Et Maman disait en créole : “Yo ke fait zot tan’ et pi comprenn‘. ou “zot kay’ rété an coté…”, (ce qui veut dire en substance en français : « Elles vous feront comprendre… et vous resterz tranquilles».

J’étais enfant…

(Extrait de mon recueil « Quand j’étais enfant… »

©Lucienne Maville-Anku, 2011

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Lucienne Maville-Anku

Lucienne Maville-Anku (795)

"C'est en écrivant que j'apprends à écrire."
Je suis originaire de la Martinique, une des charmantes petites iles de la Caraïbe, et vis au Royaume-Uni.
J'écris depuis de nombreuses années, et ce sont les autres, dans un premier temps, qui par leurs nombreux encouragements et appréciations a la lecture de mes textes m'ont aidée à prendre conscience que j'avais des talents à valoriser.
Ce désir d'écrire et de mieux écrire qui niche en moi depuis l'âge de 15 ans n'a jamais cessé d'aller croissant. Aussi, j’expérimente que c'est le fer qui aiguise le fer, et que plus j'écris, plus je désire écrire, et apprends de la sorte à écrire en autodidacte, par le soupir, par le désir, comme un feu qui s'attise.
La Poésie elle-même m'enseigne, j'apprends d'elle et découvre plus de sa beauté et sa diversité en lisant et en appréciant ce que d'autres écrivent et expriment, notamment sur cette plateforme, terrain de partage et d'expérimentations où foisonnent tant de talents qui m'émerveillent. C'est une vraie galerie d'arts uniques.
J'écris et développe cet art d'écrire en cultivant ma relation avec la Poésie, 'bon pédagogue’ qui m'instruit et m'éduque, et l'écriture elle-même qui comporte aussi des vertus thérapeutiques contribue à mon développement personnel. Cependant, j'ai souvent désiré participer à des programmes de formation pour parfaire mes talents et la stylistique.
J'ai compilé déjà plusieurs recueils de textes poétiques que je souhaite "dé-confiner" pour les mettre à profit, partant du principe que ce que l'on partage, on le gagne, et ce que l'on garde, l'épargnant à l'excès, on le perd.

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1 Commentaire
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Colette Guinard
Membre
24 avril 2021 16 h 29 min

Lucienne !il est dit que si nous sommes piqués 7 fois cela nous met à l’abri des rhumatismes! moi je préfère soigner mes douleurs avec du paracétamol que d’être piquée par les guêpes!
Je comprends cette peur qui vous tenaille, c’est la mienne aussi!
Bonne journée Lucienne loin plus loin de celles-ci Colette