Pige au nez ! – Christian Satgé

Petite fable affable

 

Un pigeon, grand voyageur devant l’Éternel,

Traversa, un beau jour, par mégarde un ciel

Battant de l’aile, où volaient disette et famine

Chez tous les oiseaux. Seuls n’avaient bonne mine,

Et encore, que les rapaces qui gobaient les mourants

Affamés qui se cachaient mal ou les errants.

 

Un faucon aperçut l’imprudent, gras comme un moine,

Et le sentait déjà enrichit sa couenne.

La chasse fut terrible, mais le pigeon expert

Dans l’art fou de l’esquive, comme tous ses pairs,

Donna du mal à un chasseur qui n’a plus l’habitude

Qu’on lui résista autant sous ces latitudes.

La course effrénée affûta son appétit

Qu’il n’avait pourtant, en ces temps-là, pas petit.

On s’émeut de toutes ces voltes par les arbres

Où les oiseaux font silence, restent de marbre.

Et plus encore lorsque, voyant un milan,

La proie vers lui se jette, d’un vol pas plus lent.

 

On entendit dans la futaie : « C’est un suicide !

 

– Que nenni, l’Ami,… ! fit la chouette placide

Que le vacarme aérien avait éveillée.

 

Point s’en faut ! » Ajoute lors sa sœur qui complète

Toujours les phrases de sa jumelle aigrelette !

En effet, abandonnant sa victime à portée

Le faucon fondit sur le milan, emporté

Par une ire du plus mauvais augure.

Ce fut titanesque combat, de l’envergure

De ceux que le vieil Homère nous conta.

Des deux méchants ne resta, là, que plumes en tas !

« Et voilà le travail ! fit la première chouette.

 

Notre hôte s’en sort par cette habile pirouette

Dit l’autre. Il ne pouvait y avoir d’autre fin…

 

Chez les prédateur l’orgueil…

 

…est plus fort que la faim ! »

 

© Christian Satgé – Septembre 2021

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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