Petite belette – Christian Satgé

Petite fable affable à Anne, Amicalement.

Au petit matin blafard d’un de ces jours cafards,
Le grésil grésillant aux nues grises de fard,
Petite belette voulait jà devenir grande,
Par les mots qu’elle aimait polir, limer, biseauter,…
Pour nous les offrir. Las, on condamnait ces offrandes
Chez les jeunes jugeotes et les raisons rasottées :
Elle parlait d’amour, cette belle mécréante,
Sans assez de pudeur, retenue bienséante…

En phrases sensuelles et sous-entendus coquins,
Avec tendresse et humour, mieux que les bouquins
Elle évoquait, insinuait,… titillant le mâle.
Et ses fleurs, à ses sœurs aussi, faisaient de l’effet.
C’en était trop pour les bonnes mœurs et la morale
Et assez pour les censeurs qui firent ce qu’on fait
Quand la beauté et la douceur par trop vous choquent :
Il frappèrent prou après avoir tenu colloque.

Petite belette fut bâillonnée : sa folie
La condamna à l’asile, attachée à son lit.
Le silence ne suffisait pas. Aucune page
Blanche par sa patte dévergondée ne serait
Plus souillée. Et qu’importe, ma foi, son si jeune âge.

Il faut savoir sacrifier, plus rapide qu’un trait
Le fruit pourri qui peut contaminer, sans ambages,
Le panier de fruits sains cueillis loin des herbages !

La sentence fit qu’on lut ces damnables écrits
Qui intéressaient d’autant qu’ils causaient tant de hauts cris.
La belette eut postérité malgré les acerbes :
Son œuvre, sous pelisses et fourrures, circula
Mieux qu’avec l’assentiment du docte consulat.
Alors ami(e), sachant que les sots scrutent ton verbe,
Vis chaque matin comme si c’était le premier
Et chaque soir comme si c’était le dernier !

© Christian Satgé – novembre 2018

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Anne Cailloux
Membre
7 novembre 2018 21 h 28 min

La belette que je suis trouve cet écrit à sa patte. Vous avez été devin Christian
c’est dans la justesse et pas loin de la vérité et encore, la pauvre belette n’a pas tout dit.
Je prends cela comme un hommage et je garde cet écrit sous ma patte…
Merci beaucoup Christian de cet écrit qui me pousse encore et encore
Mes amitiés
bises
Anne la belette.

Invité
6 novembre 2018 16 h 15 min

Rebelle, je n’aurais pas voulu être cette pauvre belette ! Merci Christian.

O Delloly
Membre
6 novembre 2018 12 h 51 min

merci Christaian pour ce moment d e lecture que j’ai savouré
amicalement
O