Nous n’avions plu le temps – elle m’avait plu aussi et il avait beaucoup plu – tout aussi. Et plus nous étions amis elle et eux, que je distingue, car elle m’aimait vraiment – enfin ! C’était un temps différent du votre et les vitres ruisselaient d’âme liquide – des gouttes.
Je sentais une chose prodigieuse venir mais les miracles n’arrivaient jamais – pour nous. Alors bien que je ressentisse un changement dans les marches du ciel je restais sur le palier. Et je regardais – mais tout était fini avant le début avant même le présentiment – j’observais. Parce que cela était écrit – il faudrait (dit vite) que j’écrive avant l’écriture pour comprendre. Mais que pouvais-je faire en chantant un murmure. Que pouvais-je dire de l’idée inscrite là.
Bien, bien – Oui j’entends des voix. Cela fait un moment et c’est très agaçant pour nous tous. Pour moi, c’est devenu un jeu, un jeu dangereux, au point de ne plus retrouver le fil de la pensée. Et ce fil dans sa pelote et le temps qu’il fait, maussade, bien que son rire adorable nous éclairât.
Elle l’était ? pas vraiment, en fait elle était très agaçante ou plus exactement difficile à aimer. Mais son rire, mesdames messieurs, sont rire était l’alpha et l’oméga de la journée en quelque sorte, La mèche, l’étincelle et l’artifice de nos jours plats et monotones dans la pliure des murs verticaux. Tout est absolument horrible parce qu’elle n’existait que pour moi et parce que je la décrivais aux autres.
Partout elle revenait dans sa grande robe, trop pour elle – elle riait puis disparaissait dans ses ombres. Une chambre vide. C’est là que je l’ai rencontré dans une chambre sans patient mais elle affolée. Elle cherchait un abri je pense et mes yeux ne trahissaient pas mon envie et ma gentillesse niaise devant sa – Sa beauté.
Toutes les femmes qu’on imagine en rêve sont jolies ou en tout cas elle lui ressemble. Jamais je n’aurais dû, jamais, lui dire tout mon cœur et toute ma tête elle s’est facilement invitée. Alors nous avons marché ensemble un peu et puis longtemps après nous nous sommes rendu compte que nous étions définitivement sortis ensemble par le grand ascenseur qui conduit vers le soleil.
La lumière était incroyable et je la dévisageais silencieusement, buvant les perles dans la voix. Il ne faisait pas chaud je frottais mes mains pour me réchauffer et je serrais son index pour ne pas la perdre. Mais elle glissait entre mes doigts comme l’encre d’un stylo-plume et je voulais signer là ma vie, un mariage, des enfants comme des chef-d’œuvre, mais je ne parvenais à la retenir comme on perd le contrôle du vent dans sa respiration. J’avais l’air toujours idiot.
Et je crois que cette idiotie l’avait charmée. Mais elle ne voulait que la liberté, je n’étais qu’en cavale et je la suivais mais elle voulait la liberté et pas d’un ex-enchainé, pas d’un serpent qui se mord la queue. Et nous tournoyons interminable valse entre ma pensée bancale et elle aussi si sûre que les statues antiques qui nous regardaient moudre le vert et le bleu des étoiles dans le pilon du sommeil approchant.
Je ne sais pas j’avais le cœur de le dire ce jour-là, je n’aurais peut-être jamais dû le dire clairement, laisser peut-être un peu de suspens à mon sentiment. Mes E-MOT-IONS et mes mots sont tous fait d’or et de perle, d’amour et de rubis, tous fait conçu pour elle un dictionnaire entier rempli de mot à l’eau de rose, quel idiot.
Nous avons pris un temps long pour en arriver à ne plus jamais ce parler vraiment. Je l’aurais espéré comme ça. Que les voix se taisent, que nous ne soyons plus là et qu’elle choisisse un autre étalon. Mettre ma vie en danger ne me fait pas peur. Et réapprendre les couleurs leurs noms mettre du vert dans le vers et des fleurs dans un vase, emporter les murs défigurer la strophe de notre romance tendre et idiote. Et puis le docteur est venu, une femme et son infirmière…
J’étais dans le noir de ma chambre, allongé, je ruminais ce chagrin immense, ce silence trop long, bien trop long. Elles m’ont demandé de venir pour parler. Je ne sais pas ce qui m’a pris à un moment encore embué par mes paroles intérieures, j’ai dit « j’aime la Poésie » l’ai dit deux fois, en rougissant je crois, les deux femmes-médecines ont rigolé.
Je ne sais pas si elles se moquaient, mais à un instant un instant immense, je me suis dit que personne ne pourrait comprendre de toute façon toute l’importance de ce sortilège qui me hante.
Oui les voix ça c’est intéressant c’est l’Histoire de France, de Jeanne d’Arc et de pas mal d’artistes. Je ne sais pas si c’est bon d’aimer vraiment sa Muse. Et puis ce matin dans les couloirs en me réveillant, des cris, des horreurs, de la colère, de l’attente, de l’agacement, de la vie qui rumine dans la pénombre, des ombres dans la nuit, des cigarettes mal éteinte la lune partout dans le désert de la nuit qui laisse venir la lumière par tranche, et une petite voix qui me dit : « attend, j’arrive ».
Merci, talentueux Olivier, pour cette tranche de vie s’articulant, au final, sur ta proposition de foi salvatrice ; J’aime la poésie. Le proclamer deux fois (bis repetita placent) a donné à la Poésie son effet majuscule. What else?
Je ne sais pas pourquoi, votre texte Olivier, m’a attiré à la lecture ce matin…ce n’est pas courant car pour être franc, je n’aime pas trop les textes longs et interminables, mais là je me suis pris au jeu et je l’ai dévoré…il fait partie des meilleures et des plus belles choses que vous avez pu écrire sur le site jusqu’à présent, mais il y en a d’autres, mais celui-là m’a beaucoup ému, vraiment, par de multiples clichés, une foule de sentiments qui se percutent les uns aux autres, des interprétations qui surgissent de votre esprit et une envie de poursuivre sur ce chemin que vous avez tracé de votre plume. Merci pour ce moment extraordinaire que je viens de vivre !