
Dites ! je crois être abonné
Au grand salon des refusés
Où Manet et son déjeuner
Sur l’herbe allèrent s’échouer.
Les tableaux de tous mes félins
S’en vinrent aussi par succomber
Sous la censure bête et méchante
Mes chattes jugées indécentes
Ecris, écris
Etouffe tes cris
Reste dans le banal
Et tout sera moral
Mes poèmes ne valaient guère mieux
Tous les quolibets obséquieux
Des gourous de la poésie
Les ayant jetés dans l’oubli.
Un trop ou un trop peu de sexe
Un coup les frustre un coup les vexe
Me condamnant au carnet jaune
D’un Tristan Corbière de l’automne.
Ecris, écris
Etouffe tes cris
Reste dans le banal
Et tout sera moral
L’artiste est-il né si maudit
A croire tout ce qu’on dit de lui
Ses images et mots faisant front
Aux inquisiteurs pudibonds ?
On dit que les temps changent
Mais pour la pire engeance
Le nouveau la chamboule
Elle te vise et te coule.
Ecris, écris
Etouffe tes cris
Reste dans le banal
Et tout sera moral
On écrit autant que l’on chante
Que les temps comme les gens changent
Mais l’esprit qu’un rien épouvante
Trouvera que tout le dérange.
Qui osera donc naviguer
Entre les deux fronts mortifères
L’un maudit, l’autre refusé
Vont-ils créer ou bien se taire ?
Ecris, écris
Etouffe tes cris
Reste dans le banal
Et tout sera moral
Ecris, écris
Etouffe tes cris
Reste dans le banal
Et tout sera moral
A écouter ici en chanson :

Né d'un père photographe et musicien et d'une mère poètesse, Jean-Marie Audrain s'est mis à écrire des poèmes et des chansons dès qu'il sut aligner 3 mots sur un buvard puis trois accords sur un instrument (piano ou guitare). À 8 ans, il rentre au Conservatoire pour étoffer sa formation musicale.
Après un bac littéraire, Jean-Marie suit un double cursus de musicologie et de philosophie à la Sorbonne.
Il se met à écrire, dès cette époque, des textes qui lui valurent la réputation d’un homme doublement spirituel passant allègrement d’un genre humoristique à un genre mystique. D’ailleurs, il reçut de la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France) un grand diplôme d’honneur en ces deux catégories.
Dans ses sources d’inspiration, on pourrait citer La Fontaine, Brassens et Devos.
Lors de la naissance du net, il se prit à aimer relever les défis avec le site Fulgures : il s’agissait de créer et publier au quotidien un texte sur un thème imposé, extrêmement limité en nombre de caractères. Par la suite il participa à quelques concours, souvent internationaux, et fut élu Grand Auteur par les plumes du site WorldWordWoo ! .
Il aime également tous les partenariats, composant des musiques sur des textes d’amis ou des paroles sur des musiques orphelines. Ses œuvres se déclinent sur une douzaine de blogs répartis par thème : poésie, philosophie, humour, spiritualité…sans oublier les Ebulitions de Jeanmarime (son nom de plume). Un autre pseudo donna le nom à son blog de poésies illustrées : http://jm-petit-prince.over-blog.com/
Pendant longtemps il a refusé de graver des CD et d’imprimer ses œuvres sur papier, étant un adepte du principe d’impermanence et méfiant envers tout ce qui est commercial. Malgré tout il vient d'autoéditer le florilège de toute en vie et dans tous les syles : https://www.amazon.fr/Petit-Prince-Mots-dit/dp/B0BFVZGNYM et d'écrire des chansons pour 3 CD d'Ophélie Morival (puis pour d'autres voix amies) : https://www.youtube.com/watch?v=Q0bvWkljrlw.
Si vous ne retenez qu’une chose de lui, c’est que c’est une âme partageuse et disponible.
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Bonsoir, c’est un joli écrit
J’apprécie beaucoup cet écrit et sa mise en chanson.
J’aime l’amour que vous nommez “banal” quel ce soit l’art, poètes ou les peintres.
Pour moi c’est le romantisme qui compte et la tendresse.
Encore un très beau poème qui nous est livré ici. Plein d’un sens qui me parle et qui me fait parler d’ailleurs : Monsieur Audrain, avez-vous eu affaire récemment ou non à ces inquisiteurs dont vous parlez et qui ont tenté de vous censurer, ou d’édulcorer votre plume libre ?
Oui, belle réalité poétisée sur la malédiction qui frappe les artistes dont les œuvres défient les normes et dérangent les esprits conservateurs. Face à cette adversité, on se demande qui osera persévérer dans la création à cause du risque d’être rejeté ou maudit !
Merci pour ce partage faisant éclater la vérité et dénonçant les “inquisiteurs pudibonds”, véritables oiseaux de malheur !