Les nouveaux miradors – Naëlle Markham

C’était l’été 1978.

Je n’avais pas encore 16 ans, et pendant que mes amies fréquentaient les bals du samedi soir, je préférais lire. Pas d’internet à l’époque, mais des encyclopédies et des bibliothèques publiques. Autant dire que la recherche d’informations était un vrai travail de bénédictin.

Certains thèmes me fascinaient déjà et focalisaient toutes mes pensées : l’Egypte ancienne, les Incas… et le mur de Berlin. Pour les Incas, il m’a fallu attendre un voyage au Pérou en 2018, un voyage qui m’a rempli les yeux d’étoiles. Je n’ai jamais oublié ma fascination pour l’Égypte ancienne ; elle a enfanté un roman en 2021.Pour le mur de Berlin, je n’ai pas eu cette patience. Je voulais VOIR, sans attendre.

L’année suivante, âgée de 16 ans révolus, condition sine qua non pour passer les frontières de l’Allemagne de l’Est, j’ai pris mon sac à dos et suis partie en voyage scolaire qui m’a amenée de Hamburg à Helgoland (une petite île verdoyante en Mer du Nord), et de là à Berlin Ouest, et ensuite à Berlin Est. Et les choses vues au cours de ce périple au pays des miradors m’ont rempli les yeux de larmes.

Défilement en avance rapide.

Année 2021.

Je suis désormais une vénérable grand-mère qui s’est braquée dès le début contre la manipulation exercée par les gouvernements, certains scientifiques et les sociétés pharmaceutiques contre la population naïve et confiante. J’ai refusé de me faire « injecter » en raison des nombreuses réticences que beaucoup d’entre vous ont également exprimées : déni du principe de précaution, effets secondaires délétères, thérapie génique, manipulation des chiffres et de l’information, mensonges, corruptions et j’en passe.

Comme si cela n’avait pas suffi, voilà qu’est arrivé le pass sanitaire et là, ce sont la colère et le ras-le-bol qui ont pris le dessus. Ma réponse : le boycott. J’ai informé tous ceux que cela concernait que non, je ne mettrai plus les pieds dans leur restaurant, non, je n’achèterai plus de billets de concert, non, je ne participerai plus aux compétitions, non, non et non.

Seulement voilà, j’avais acheté, un an auparavant, dans le monde d’avant, un certain nombre de billets d’un spectacle que je comptais aller voir avec mes enfants et petits-enfants. Maintenant, avec le recul, je me dis que j’aurais dû brûler ces billets de la honte, mais à ce moment-là je voyais seulement à quel point les petits s’étaient réjouis pendant des mois dans l’attente de ce moment. Aucun des adultes concernés n’étant vacciné, il a fallu trouver une solution de repli pour les petits. Alors pour les encadrer, on a appelé à la rescousse grand-papa et tonton, tous deux vaccinés et au bénéfice du “précieux” “sésame”.

Grand-papa et tonton ne connaissaient pas la salle de spectacle alors je les ai accompagnés, officiellement, pour leur montrer le chemin. Mais aussi pour VOIR. VOIR comment cela allait se passer, VOIR à quoi ressemblerait ce nouveau monde où il faut sortir sa carte d’identité pour entrer dans un théâtre. Et ainsi j’ai VU, et les images de Berlin Est sont revenues, les miradors étaient de nouveau là, au milieu de ma petite ville : des Securitas en tenue d’assaut barraient l’accès au lieu et filtraient les gens, laissant passer les soumis.

Alors je suis rentrée chez moi et j’ai pleuré.

Naëlle Markham 2021

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2 Commentaires
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Alain Salvador
Membre
6 décembre 2021 15 h 06 min

Un très beau texte, oui vous savez écrire. Quant au conrenu je n’en aprlerai pas, chacun mettant en avant ses propres opinions, défendables de part et d’autre de la barrière der nos convictions