Les choristes – Christian Satgé

             Petite fable affable

 
 

Pourquoi les gens qui se font trop chier

Viennent-ils toujours nous emmerder ?

 

Un couple de cigales, désemployé,

 Aimant autant chanter que cacarder,

Cherchaient à intégrer une chorale

Bien qu’un rien leur amenât ire ou râle,

Car c’étaient des animaux exigeants,

Ayant toujours un « Je veux ! » sur la langue.

Malheur ! Rien n’était, pour ces “indulgents”,

Jamais assez bien au ras de la fangue.

Ils nomadisaient donc, de chœur en chœur,

Connus comme loup blanc, laissant rancœurs

Et rancunes après leur bref passage :

Partout, on les chassait dès qu’ils lassaient,

Ces “sympathiques” ayant pour message :

« “Peu” est insuffisant ; “trop” juste assez ! »

Lui, chanteur se pensant incontournable,

Était un raseur, barbant à l’extrême ;

Chanteuse se croyant indispensable,

Sa potiche était pis que cruche même.

Et, ne supportant pas d’être crottés,

Ils étronnaient comme pour saboter.

Or, dans l’herbe, une affirmation gratuite

Est rarement payante et se paie cher.

C’est donc pour cela qu’ils prenaient la fuite

Prétextant qu’il leur en coûtait bien trop

De se donner autant, partaient au trot,

Ou étaient exclus, de forte manière,

Les autres prétendant bien haut et fort

Que ces vantards de maquis sans bruyère

Étaient trop bien pour qui ne fait qu’efforts !

Toujours plus loin, partaient nos sautillants

Se croyant brillants, n’étant que bruyants. 

Les insectes suffisants ont, pour eux,

 Oc, de ne jamais être nécessaires, 

Ils ne manquèrent, après leurs adieux,

À personne : on chanta sans ces faussaires

De la convivialité autant

Et aussi bien – voire mieux – qu’au bon temps

Où on ne les connaissait pas, Madame,

Car la vanité corrompt notre allant

Et, n’affectant pas seulement notre âme,

Elle atténue, en nous, tous nos talents.

 
 
© Christian Satgé – février 2015
 
 

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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4 Commentaires
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Invité
8 mars 2018 0 h 21 min

Bel écrit merci Christian, douce nuit
Amitiés
Fattoum.

Anne Cailloux
Membre
7 mars 2018 22 h 21 min

Sourire, je ne sais plus si nous ressemblons aux animaux ou le contraire
bien narré, bien vrai, trop vrai
Bel écrit Christian.
Amitié
Anne