Petite fable affable | Pourquoi les gens qui se font trop chier Viennent-ils toujours nous emmerder ? Un couple de cigales, désemployé, Aimant autant chanter que cacarder, Cherchaient à intégrer une chorale Bien qu’un rien leur amenât ire ou râle, Car c’étaient des animaux exigeants, Ayant toujours un « Je veux ! » sur la langue. Malheur ! Rien n’était, pour ces “indulgents”, Jamais assez bien au ras de la fangue. Ils nomadisaient donc, de chœur en chœur, Connus comme loup blanc, laissant rancœurs Et rancunes après leur bref passage : Partout, on les chassait dès qu’ils lassaient, Ces “sympathiques” ayant pour message : « “Peu” est insuffisant ; “trop” juste assez ! » Lui, chanteur se pensant incontournable, Était un raseur, barbant à l’extrême ; Chanteuse se croyant indispensable, Sa potiche était pis que cruche même. Et, ne supportant pas d’être crottés, Ils étronnaient comme pour saboter. Or, dans l’herbe, une affirmation gratuite Est rarement payante et se paie cher. C’est donc pour cela qu’ils prenaient la fuite Prétextant qu’il leur en coûtait bien trop De se donner autant, partaient au trot, Ou étaient exclus, de forte manière, Les autres prétendant bien haut et fort Que ces vantards de maquis sans bruyère Étaient trop bien pour qui ne fait qu’efforts ! Toujours plus loin, partaient nos sautillants Se croyant brillants, n’étant que bruyants. Les insectes suffisants ont, pour eux, Oc, de ne jamais être nécessaires, Ils ne manquèrent, après leurs adieux, À personne : on chanta sans ces faussaires De la convivialité autant Et aussi bien – voire mieux – qu’au bon temps Où on ne les connaissait pas, Madame, Car la vanité corrompt notre allant Et, n’affectant pas seulement notre âme, Elle atténue, en nous, tous nos talents. © Christian Satgé – février 2015 |
Les choristes – Christian Satgé
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Bel écrit merci Christian, douce nuit
Amitiés
Fattoum.
Merci Fattoum pour votre fidélité qui m’incite – est-ce raisonnable ? – à poursuivre dans une voie fabuliste peu prisée par ailleurs : c’est vrai que je m’y montre moins poète que conteur !
Amitiés
Christian
Sourire, je ne sais plus si nous ressemblons aux animaux ou le contraire
bien narré, bien vrai, trop vrai
Bel écrit Christian.
Amitié
Anne
Merci Anne de croire – et de comprendre – à quel point nous avons besoin de ces petits contes pour nous aider à ouvrir les yeux sur le monde… et parfois sur nous-mêmes sans avoir la prétention de faire la leçon à qui que ce soit.
Amitiés
Christian