Le progrès maléfique (guerre de 14-18) – Philippe Dutailly

Tous les savants travaillaient avec acharnement,

Improvisant la mort dans leurs laboratoires

Car l’apport scientifique, pour les gouvernements,

Serait déterminant pour le cours de l’histoire.

 

Tous ces savants adulés quelques années plus tôt,

Ces glorieux prix Nobel, ces magiciens du monde,

Dont les laboratoires valaient les hôpitaux,

Travaillaient, désormais, pour des causes immondes.

 

Les oiseaux de métal n’émerveillaient plus guère.

Armés de fusils lourds, ils semaient la panique

Et leurs bombes lâchées au plus fort de la guerre

Faisaient, dans la tourmente, des giboulées iniques.

 

L’océan n’était plus le monde du silence.

Il était encombré par les sons pélagiques

D’énormes sous-marins, fendant les turbulences,

Qui prenaient les bateaux pour des cibles tragiques.

 

Et ces nuées chimiques au-dessus des tranchées

 Qui rongeaient les organes et dévoraient la peau

Sous les plaintes atroces des hommes retranchés

Dans ces veines boueuses où flottait un drapeau.

 

Quand, pour chaque victoire, les hommes se perdaient

Et se plaçaient plus bas que le règne animal,

Le pouvoir scientifique, de fait, les dégradait

Donnant l’arme absolue aux volontés du mal.

 

« Les siècle en légende » © Philippe Dutailly 23 10 1993

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Philippe DUTAILLY

Philippe DUTAILLY (89)

Tombé amoureux de "L'albatros" de Charles Baudelaire, poème appris lorsque j'étais 'écolier et nourri au hasard de Victor Hugo, Georges Brassens, Léo Ferré, Lamartine et beaucoup d'autres, j'ai commencé à faire rimer les mots vers l'âge de 18 ans. D'abord très inspiré par Brassens, j'ai pris, au fil du temps, mon autonomie pour en venir à des textes plus intimes qui, pour certains, servirent d'exutoire à des émotions mal vécues.

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3 Commentaires
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Pascale Jarmuzynski
Membre
14 avril 2023 9 h 20 min

Très beau texte sur la folie de l’homme, toujours avide de puissance, de rancoeur, de profit …. et qui transforme la plus petit invention inoffensive en outil de destruction …

Cordialement Philippe.