Le moulin avant… – Christian Satgé

Petite fable affable

Perché sur sa colline, l’œil sur l’aval,

Un moulin gardait un Eden terrestre.

Il voulait conserver intact ce val

Qu’il admirait matin de dextre à senestre,

Et le soir, de hue à dia, bon cheval !


Mais venus des quatre horizons du monde,

Les vents menaçaient ce petit paradis

Alors notre moulin jouait à la ronde

Des ailes pour mieux pourfendre, pardi,

Les souffles du Nord et leurs tristes froidures,

Pour hacher les vents du Sud trop chauds, trop secs,…

De même, il tranchait dans le vif, à la dure, 

Les airs chargés de pluies, quoique pète-secs,

Venus de l’Occident qui sont synonymes

D’inondations et tous ceux arrivés

Du Levant et leurs sables pourtant minimes.

Il tournait donc, voiles aux vents, énervé

De devoir lutter sans résultat ni cesse

Jusqu’au jour où un orage le ruina

Par le feu qu’il mit – Dieu, quelle bassesse ! –

À ses armes. Il fut mis au cadenas.


Perché sur la colline, tas de gravats,

Un moulin se souvient de quelque terrestre

Eden qui est devenu un grand canevas

Urbain et prospère depuis qu’un bourgmestre

L’a remplacé par une minoterie

Au lendemain de cette sauvagerie

Qui mit fin à ses jours où, se croyant meistre

De ce monde, il tournait tant, tout étourdi,…


Hugo dit : « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent ».

Encore faudrait-il agir à dessein

Et non tempêter à la moindre volute

Ou s’agiter comme le fait le tocsin.

© Christian Satgé – juin 2017

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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